Voilà donc Sainte-Ménehould devenue, depuis le 21 février 2014, le « bureau centralisateur » d’un grand canton nommé « Argonne Suippe Vesle ». Ce canton compte 79 communes, 67 venant de l’arrondissement de Sainte-Ménehould et 12 de celui de Châlons.
En 1771, sous l’ancien régime et peu de temps avant la Révolution française, la cité faisait partie du comté de Champagne et était le siège d’un baillage qui avait 4000 paroisses dans son ressort ; le baillage était la circonscription, la juridiction du tribunal du bailli, et le bailli était un officier d’épée ou de robe qui rendait la justice au nom du roi.
Le territoire dont on dit de son « ressort » était donc très étendu, preuve les « célébrités » nées dans ce ressort et dont les villes n’ont aujourd’hui plus rien à voir avec notre ville : Sorbon dans le Rethélois, Gerson dans le diocèse de Reims, ou encore Saint-Pièmont, aujourd’hui Saint-Pierremont (est-ce une erreur ?) commune des Ardennes située près de Buzancy.
On va retrouver des noms qui ne sont pas en Argonne Champenoise dans la liste des mines de fer : Champigneulle, près de Grandpré, Sommerance entre Grandpré et Varennes ou Chatel-Chéhéry, près de Varennes, des villages situés aujourd’hui dans les Ardennes.
Voici des extraits du « Dictionnaire universel de la France » de M. Robert de Hesseln.
</span>"Sainte-Ménehould, petite ville du Rémois, capitale du pays & forêt d’Argonne, la première ville de Champagne du côté de l’Allemagne ; diocèse de Reims, parlement de Paris, intendance de Châlons. Cette ville est située sur la frontière orientale du Rémois & du gouvernement général de Champagne, dans une île que forme l’Aîne ; au 20 degrés de longitude & 49 degrés de latitude, entre Châlons & Verdun, à 9 lieues au levant de la première ville, à 8 au couchant de la seconde, à 14 au levant d’hiver de Reims & à 50 au levant de Paris : on y compte 3 à 4000 habitants.
La grande route de Paris à Verdun passe par Sainte-Ménehould & il y a un bureau de douane où l’on visite tout ce qui est transporté par cette ville.
Sainte-Ménehould eut un gouvernement de place, le chef-lieu d’une élection ; le siège d’un baillage qui a 4000 paroisses dans son ressort ; d’une maîtrise des eaux & forêts, d’un grenier à sel & d’un bureau des traites foraines ; lesquelles font toutes les juridictions royales. La prévôté, qui était aussi une juridiction royale, a été supprimée & réunie au baillage par l’édit du mois de mai 1748.
Sainte-Ménehould est la résidence d’un lieutenant de la maréchaussée qui a sous ses ordres une brigade commandée par un exempt [1].
Cette ville avait autrefois une chambre des « monnoies », mais elle a été transférée à Nantes en Bretagne lors de la réunion de cette province à la couronne.
L’état-major de Sainte-Ménehould est composé d’un gouverneur, d’un lieutenant de roi & d’un major ; les échevins, en l’absence de ces officiers, donnent l’ordre & commandent dans la ville &, lorsque l’état-major s’y trouve, ces échevins commandent concurremment avec lui"
"Le domaine de Sainte-Ménehould appartient au roi, à cause du comté de Champagne. Il a été cédé en douaire à Marie d’Anjou, veuve de Charles VII ; à Marie Stuart, reine d’Ecosse, veuve de François II & à la reine Anne d’Autriche, veuve de Louis XIII. Ce domaine a souvent été engagé à différents seigneurs. Le dernier engagement a été fait au marquis de Puisieux, en 1712 ; il le remit au roi, qui en fait régir les revenus par les fermiers.
Entre les hommes illustres, nés à Sainte-Ménehould ou dans son ressort, on compte Robert Sorbon, fondateur de la Sorbonne, né au village de Sorbon, dans le Rethelois, ressort de Sainte-Ménehould.
Jean Chartier, fameux docteur de l’université de Paris, connu sous le nom de Gerson, qui était celui du village où il naquit dans le diocèse de Reims, ressort de Sainte-Ménehould ; il mourut en 1429.
Dom Jean Mabillon, Bénédictin, né à Saint-Pièmont [2], élection de Sainte-Ménehould, de qui Maurice Le Tellier, archevêque de Reims, disait au roi : « Qu’il était le plus humble & le plus savant religieux de son royaume ». Jean Dé, savant jésuite, né à Sainte-Ménehould, en 1643 ; il fut chargé par le roi & le cardinal de Fustemberg de plusieurs établissements, entr’autres d’une université dont il fut le recteur. Il mourut à Strasbourg en 1712.
Henri Duvalk, comte de Dampierre, né à Hans près de Sainte-Ménehould, généralissime des armées de l’empereur.
Jean Armand, marquis de Joyeuse, maréchal de France, gouverneur des trois évêchés, né à Ville-sur-Tourbe, village et château près de Sainte-Ménehould ; il se distingua lors de plusieurs batailles, surtout celle de Nervinde où il commandait l’aile gauche qui décida du succès.
On trouve différentes mines de fer dans plusieurs villages circonvoisins, tels Saint-Surain, Champigneulle, Sommerance, Chimires, Beauclerc, Tailly [3], Alliepond, Chehery [4]. Le fer qu’on en tire est de très bonne qualité & se façonne à Champigneulle [5], Chehery & Beauclerc On y fabrique aussi des boulets & des bombes. Ces forges occasionnent une grande consommation de bois & facilitent le débit de ceux qui environnent Sainte-Ménehould de toutes parts, excepté dans les fonds, lesquels contiennent de belles prairies où se trouve une grande quantité de plantes usuelles ; mais il n’y a rien de particulier ni dans les plantes ni dans les animaux qui s’y rencontrent.
Il y a aussi quelques verreries dans la forêt d’Argonne, comprises dans l’élection de Sainte-Ménehould, qui est d’ailleurs fertile en pâturages, en froment & toutes sortes de grains. Cette élection comprend 121 paroisses & peut avoir 13 lieues dans sa plus grande étendue, qui se prend du midi au septentrion, & 7 dans la plus grande largeur."
Toutes ces communes dont parle l’auteur se trouvent dans l’actuel département des Ardennes, avec parfois une orthographe différente ; à croire que le ressort de Sainte Ménehould s’étendait plus au nord qu’au sud.