La Harazée, hameau dépendant de Vienne-le-Château, est un haut lieu de la première guerre mondiale. Adossé à la ligne de front de l’Argonne, face aux sinistres bois de la Gruerie, il verra défiler des milliers de poilus.
Un camarade de lycée, natif de La Harazée, m’a dit que, dans sa jeunesse, lorsqu’il déclinait son lieu de naissance, ses interlocuteurs lui disaient : « Ah ! La Harazée ! Oui, je connais j’y ai combattu en 14 ! »
Joachim Baucher est là dans ces tranchées où la vie est souvent si dure et le danger si présent. Il est natif de Bretagne, de Saint-Jean-Brévelay, au cœur du Morbihan, près de Vannes. Après son service militaire il s’installe à Plaudren, un village proche de Saint-Jean.
Le 2 août 1914, il est mobilisé et intègre le 2ème régiment de l’infanterie coloniale. Il a 32 ans lorsqu’il découvre l’enfer des tranchées de La Harazée. La peur au ventre il ne s’imagine pas, sous les tirs des canons, survivre au carnage. Alors il fait un vœu : « Si j’ai la vie sauve et si, de retour au pays, je fais construire une maison, je lui donnerai le nom de La Harazée, nom du lieu où j’ai tant souffert ».
Il eut la chance de revenir de cette guerre et une vingtaine d’années plus tard il fait construire à Saint-Jean-Brévelay, au carrefour du Moustoir, une maison. Il y installe un café
-épicerie où s’arrêtaient les cars. Une pancarte « La Harazée » était apposée sur la maison. Par la suite un panneau mentionnant ce nom a été placé en bord de route. La mairie de la commune m’a confirmé qu’elle est toujours en place. C’est ainsi qu’un habitant de Vienne-le-Château, circulant sur ce carrefour, a été étonné par cette appellation et s’est documenté sur cette similitude. Afin d’associer les deux lieux qui ont compté dans la vie de cet ancien combattant, un peu de terre du cimetière de La Harazée a été ajoutée à celle de sa tombe à Saint-Jean-Brévelay.
François Duboisy