Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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Faut-il en rire ? Histoire de cloches à Massiges.

   par John Jussy



Dans la confusion qui suivit la Grande guerre, des cloches de Massiges furent volées. Le journaliste de l’époque a rapporté cette histoire avec beaucoup d’humour.
Pierre Labat, maire de Massiges, a apporté des précisions.


Massiges avait autrefois trois cloches à l’église, et une à l’école. Pendant l’invasion de la France en 1914, les Allemands n’avaient pas volé les cloches ; et puis vint la bataille de la Marne, le repli des armées ennemies et leur installation sur les hauteurs que l’on nomme « La main de Massiges ». Et là, les cloches n’échappèrent pas aux dévastations de la guerre : trois d’entre elles furent brisées, soit par des obus, soit en tombant du haut du clocher lui-même bombardé.
D’une cloche, il ne restait qu’un gros morceau de 500 kg, un morceau qui depuis la fin de la guerre se trouvait sur le bord de la route allant à Ville-sur-Tourbe. Mais une nuit, tout a disparu.
La cloche de l’école, qui était restée intacte, n’eut pas un meilleur sort. Cette cloche avait été montée pendant la guerre dans un abri et servait à signaler les gaz que les ennemis envoyaient sur les positions françaises. Peu de temps après la fin de la guerre, des personnes visitant le pays avaient vu la cloche. Mais un jour aussi, plus de cloche.
Le journaliste du « Journal de la Marne » qui a rapporté cette histoire dans son quotidien écrivait avec humour :
« Ces mêmes personnes étant de nouveau de passage à l’endroit où se trouvait cette cloche, s’aperçurent qu’elle avait pris la fuite. Je ne pense pas cependant que ces cloches soient parties pour Rome, personne au temps de Pâques ne les a vues déployer leurs ailes ».
Et le journaliste de conclure :
« Avec un peu de prudence, il me semble que l’on aurait pu s’éviter ces désagréables surprises. Aujourd’hui l’alliage des cloches doit avoir une certaine valeur. N’aurait-on pu le vendre, comme les voleurs ont bien sûr l’intention de le faire ? un vol de moins aurait été commis, et une recette assurée qui n’aurait pas été négligeable ! »
Cela n’est pas sans nous rappeler les actuels vols de métaux : l’histoire ne serait-elle qu’un éternel recommencement ?
Pierre Labat, maire de Massiges, nous a confié une carte postale datée de 1922 où l’on voit l’église dévastée et deux des trois cloches.
Mais Pierre Labat a aussi retrouvé une page du compte-rendu du conseil municipal de juin 1925 ; il y est question de confier à un entrepreneur de Reims le déblaiement de l’église, et le marché sera de 2730 francs de l’époque :
"Article 1er. Messieurs Audebert et Betinas effectueront le déblaiement de l’église pour la reconstruction des travaux, moyennant le prix de deux mille sept cent trente francs (2730).
Article 2. Les frais de timbre, d’enregistrement et d’expédition auxquels ce marché donnera lieu, seront à la charge de l’entrepreneur."

Alors il se pourrait que le morceau gros de la cloche cassée dont parle le journaliste et qui était abandonnée au bord de la route appartienne à la troisième cloche qui n’est pas sur la photo.
Un autre document rapportant une délibération de janvier 1925 concernant la reconstruction de l’église :
« Accepte que les travaux de reconstruction de l’église soient payés au moyen de cet emprunt contracté par le gouvernement par le Groupement de sociétés Coopératives de reconstruction des églises dévastées de France, dont la commune accepte formellement les conditions ».

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