Eglise Notre-Dame-du-château : victime du temps et des hommes

Située tout en haut sur la butte de gaize, l’église Notre-Dame-du-château est malade, a toujours été malade. Aujourd’hui la municipalité réfléchit afin d’envisager un autre destin que celui d’église, au grand dam de nombreux Ménéhildiens. On ne respecte plus rien aujourd’hui, dira-t-on, mais sait-on qu’à une époque la municipalité envisageait purement et simplement de détruire l’église ?

Fin du XVIIIe siècle : l’église âgée à peine de 300 ans nécessite de nombreuses réparations. Est-ce à cause des matériaux de construction, dont la gaize, du sous-sol de la butte, percée de nombreux souterrains, de sa position à l’ouest de la butte ?

Cet emplacement avait déjà posé problème : construire l’église dans la ville basse était difficile à cause des marais. D’autre part l’église devait être proche des habitants, nombreux à cette époque sur la butte, et il fallait tenir compte aussi des prestigieux habitants de la ville haute, le châtelain, son état-major mais pourquoi ne pas l’avoir placée au centre de la butte ? Les religieux de Moiremont qui contribuaient à sa construction voulaient qu’elle soit à l’emplacement d’un temple païen qui avait été dédié à Iris ou à Diane, déesse de la chasse. L’église fut donc construite sur l’ouest de la butte à la merci des intempéries.

Buirette raconte (Histoire de Menou, 1837) : « On avait plusieurs fois réparé l’église sans parvenir à la rendre solide ».
Alors, en 1740, on posa des poutres [1] ; elles font l’étonnement et l’admiration des visiteurs. transversales, appelées aussi épingles, d’une longueur de 10 m, tout en haut de la nef pour empêcher l’écartement des murs. Malgré cela, l’édifice menaçait toujours ruines. « Il fallut l’interdire et se reléguer dans la chapelle de l’hôtel-Dieu [2] »
Et voilà le conseil municipal qui décide, en suivant cependant le désir des habitants, de construire une autre église, mais dans un lieu plus facile d’accès. Cette église devait être construite sur le « terrain des baraques », des baraques provisoires construites au bord de l’Aisne après l’incendie de 1719. Il est vrai que cet endroit, aujourd’hui square Pasteur, aurait facilité la vie des fidèles. Et il faudra attendre la fin du XIXe siècle pour que soit construite l’église saint Charles
Pour le financement, on coupa avec l’autorisation du Roi, en l’occurrence Louis XV, des « arbres de vieille écorce » dans la forêt communale. On pensait aussi vendre les matériaux de l’église démolie, ou les réutiliser, et demander de l’argent à la fabrique [3]. Mais le prix de vente du bois fut bien insuffisant De plus, les habitants craignant de trop grandes dépenses, car la municipalité avait d’autres projets grandioses [4]
Bibliographie : Livret « Le Château de Sainte-Ménehould, histoire de son église ». Imprimerie Morand., protestèrent auprès du roi, et la municipalité fut changée. Il fallut se résoudre à réparer. On sonda les murs et les piliers pour s’assurer de la solidité de l’édifice et les experts déclarèrent que l’église, bien réparée et bien entretenue, pouvait durer encore des siècles. On fit des réparations, on reconstruisit la voûte tant et si bien que, comme l’a écrit Buirette, il ne restait presque de la première église que les arcs-boutants et la tourelle qui permet de monter au clocher. L’église était sauvée, mais pas guérie, et de nombreuses restaurations suivront.
John Jussy.