Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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Non rien n’a changé : histoire de maraude

   par John Jussy



« Non, non, rien n’a changé » chantaient les Poppys dans les années 1970, et il semble que ce soit souvent vrai. Premier exemple avec les maraudeurs.
Le maraudeur, nous dit le dictionnaire, est une personne qui vole des fruits et des légumes non encore cueillis. Aujourd’hui on a un jardin pour le plaisir, pour avoir des produits frais et certains jardiniers sont victimes de voleurs, à tel point que l’un d’eux a dû apposer une pancarte « Terrain piégé ! » à l’entrée de son terrain.
Remontons en juin 1922, quand le monument aux morts n’était pas encore inauguré. Le Journal de la Marne titrait dans sa colonne Sainte-Ménehould « Encore les maraudeurs », et ces récits de vols se retrouvaient régulièrement dans les pages du journal.
Des malfaiteurs avaient donc volé des poireaux dans un jardin de l’Alléval, sur le chemin du Bois Géraudel, plus loin que la gare. Et ce n’était pas un petit vol puisqu’il s’agissait de 300 poireaux

Encore les maraudeurs !
Il y a peu de jours, nous relations un vol de poireaux, lieu dit « Rauvaux », au préjudice de m. Bry-Herbillon.
Dans le même moment, un vol semblable était aussi commis au préjudice de M. Delaval.
Cette fois, cela a été le tour de M. Pointud, cafetier, dont le jardin situé à « l’Alléval » a reçu la visite de maraudeurs qui lui ont enlevé 300 poireaux.
Ce vol a été commis dans la nuit du dimanche 30 avril au lundi 1er mai. Il est possible qu’une certaine corrélation existe entre celui-ci et le vol de linge commis la même nuit au préjudice de M. Delsaux, garde-barrière, qui habite à 100 mètres de distance, la même contrée et que nous avons relaté dans notre numéro d’hier.


L’auteur de l’article, J.M., dont nous ne saurons pas le nom, dit qu’il convient de réagir. Il n’y a alors pas de police, et les gens n’ont pas le moyen de s’en payer une ! Alors J.M. demande que l’on fasse appel à des citoyens honnêtes qui, assermentés, auront le droit de contrôler et ils seront armés
"Décidemment, les voleurs se paient de toupet et il convient de réagir, mais comment ?
Nous n’avons pas de police “ et encore moins de crédits pour en organiser une. La loi qui doit protection aux personnes et aux propriétés, de ce fait, devient caduque. Faut-il que les citoyens armés, s’en aillent à présent, monter la garde de leurs propriétés ?
Sans pessimisme aucun, et en présence de cette situation, on peut conclure que si nous n’en sommes pas encore à ce point là, avec la mentalité nouvelle qui se développe de jouir en jour, nous y allons lentement, mais sûrement.
Si nous n’avons pas le moyen de nous payer une police, faisons appel au bon vouloir de citoyens honnêtes qui, armés et assermentés, auront le droit de contrôler.


Nous avons aujourd’hui les voisins vigilants, chargés de dire ce qu’ils ont vu, mais ils ne sont pas armés.
« De cette façon “ nous l’avons déjà dit dans ce Journal “ les maraudeurs diminueront dans la crainte de se voir demander partout où ils seront rencontrés ce que contiennent paniers, sacs ou brouettes, lesquels, la plupart du temps sous quelques poignées d’herbe, dissimulent le produit de ces larcins. »

Difficile quand même d’arrêter tous ceux qui reviennent de leur jardin, en voiture ou en poussant la brouette, pour leur demander de montrer leur récolte
A la fin de l’article, J.M. s’adresse aux magistrats : « ne les ratez pas »
« Et vous, magistrats, quand ces maraudeurs on vous amènera, ne les ratez pas ! »

Nombreux il est vrai sont les citoyens qui pensent que les voleurs, pas les maraudeurs, ne sont pas assez punis. Et pourtant, à l’époque, le système judiciaire était sur place, pas besoin d’aller à Châlons !... déjà on rendait la justice dans la première salle à gauche de la mairie (dénommée toujours salle de justice) et la prison était juste derrière
Quelques jours plus tard, le journal annonçait encore des vols : oignons, carottes, blé, avoine, et parfois on citait des enfants comme étant des maraudeurs prétextant aller à l’herbe aux lapins. Mais là il n’était pas question de fouiller des voitures, comme on pourrait aujourd’hui le faire dans certains petits chemins, mais de contrôler paniers, sacs d’herbe et brouettes que les maraudeurs ramenaient en ville.

De nos jours le terme de « maraude » est fréquemment employé pour qualifier les opérations de secours
menées, souvent de nuit et par temps froid, dans les grandes villes pour mettre à l’abri des intempéries
les personnes isolées et sans domicile fixe.

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