Le Petit Journal a déjà évoqué ce correspondant local du Journal de la Marne dans le n° 74. D’ailleurs un autre article de ce journal lui rend hommage :
Le 1er janvier 1922 M. Paupette cesse ses fonctions de correspondant du « Journal de la Marne ». Il s’est fait une légitime réputation de chroniqueur spirituel. Les habitants de l’Argonne trouvaient en lui un observateur avisé de leurs traditions. De caractère enjoué, il avait même, dans la satire qu’il cultivait volontiers, le trait qui fait rire sans jamais faire de mal. Quant à la langue de son cher pays, son ami le distingué folkloriste M. l’abbé Lallement pourrait témoigner qu’il en savait exprimer toute la saveur.
Son œuvre littéraire vaudrait d’être recueillie et conservée, car il a su préserver des souvenirs qui tendaient à s’effacer et consigner des coutumes déjà disparues.
Un article du Journal de la Marne, daté des 30 et 31 juillet 1904, donne sa version des « bienfaits » de l’automobile à cette époque en guise d’introduction d’une part et avec le poème qui suit d’autre part :
Toujours les automobiles, toujours les chauffeurs imprudents à la suite d’un nouvel accident. Les accidents se multiplient tous les jours, les chauffeurs vont de plus en plus vite et sont de moins en moins prudents. Il arrivera un jour où les paysans se défendront à coup de fusil. En attendant, croyons à ce que dit un jeune poète de nos amis à une invention du diable.
Le nouveau fléau.
Un jour dans son enfer, le démon irrité
De voir à l’infini croître l’humanité
Cherchait pour arrêter son essor sur la terre
Un moyen prompt et délétère.
"La guerre, songeait-il, les maux sont impuissants

Pour endiguer ces flots sans cesse renaissants
La paix revient trop vite après les hécatombes
Les berceaux annulent les tombes !
Après la maladie apparait la santé
L’homme ainsi se propage à perpétuité !
Cela dure trop peu, combats, choléra, peste
Il me faut un fléau qui reste."
Et le démon se prit la tête dans les mains
Il s’écria soudain : "euréka ! Les humains
Disparaitront bientôt. La chose est facile :
Je vais créer l’automobile !"
Et sans pitié, lâchant par le monde affolé
Des disciples du pneu l’essaim échevelé
Le démon en riant dit aux nouveaux apôtres
« Ecrasez-vous les uns les autres. »
Pour copie conforme, Henri Paupette.
Le Petit Journal a déjà évoqué ce correspondant local du Journal de la Marne dans le n° 74. D’ailleurs un autre article de ce journal lui rend hommage :
Neuf années se sont écoulées. Nous voici en 1913. Les vœux du démon se sont en partie concrétisés avec cependant une différence de taille : les victimes ne sont pas celles dont il avait rêvées Laissons le poète s’exprimer pour Sainte-Ménehould :
A chaque instant dans notre ville
On dit que des automobiles

Ont écrasé de pauvres chiens
Qui pourtant ne leur faisait rien !
Depuis deux mois, quelle hécatombe
Plus de vingt chiens sont dans la tombe
Et tous les jours on nous apprend
Qu’un de ces monstres dévorants
A fait encore une victime.
Voyons n’est-ce pas un vrai crime
De laisser ces gens-là s’enfuir
Dans la fumée s’évanouir
Des pauvres chiens j’entends les mânes
Invoquer crevaisons et pannes
Et dire à Mosieur Géraudel
Ohé Albert, sois moins cruel
Aye donc pitié des pauvres chiens
Car si on écrasait un des tiens
Que dirais tu toi qui les aimes ?
Ce que nous pensons bien nous-mêmes :
Qu’il faut que tous ces écraseurs
De nos routes envahisseurs
Soient modérés dans leur allure :

C’est l’ordre de la préfecture !
Entendez les pauvres cabots
Dont on répand le sang à flots !
Ecoutez bien, Mosieur le maire
Leur très éloquente prière :
Prenez bien vite un arrêté
Et surtout qu’il soit respecté !
Nous ajoutons et sans malice
Faites intervenir la police
Car dans tous ces beaux voyageurs
Ne se trouvent point d’électeurs !
Assez de sang et de victimes
Nous avons payé notre dîme ;
Et sus à tous les écraseurs !
Henri Paupette
Depuis ces années, que d’évolution !! En 1900, il y a 338 véhicules à moteur et 19126 bicyclettes dans la Marne, d’après un article daté du 11 avril 1901.
Ensuite, heureusement, le nombre des victimes humaines n’a pas suivi l’explosion du nombre des véhicules motorisés. Mieux, après un pic de mortalité au début des années 1970, où le chiffre des victimes dépasse les 10 000 en France ; malgré un trafic toujours en hausse, grâce à tous les dispositifs, contraintes, règlements pas toujours bien accueillis et souvent contestés, ce nombre a fortement reculé et personne ne s’en plaindra
Dominique Delacour
Qui dit voiture dit garage. Et avec l’arrivée des voitures automobiles en Argonne, des garages ont vu le jour.
Juste après la Grande Guerre, on verra apparaître André Bocquillon à la gare, Roudier au 31 rue Chanzy ou encore Biévelot aux Islettes.

