Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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Coupez le gui, coupez le houx.

   par Nicole Gérardot



Coupez le gui, coupez le houx,
Feuillage vert, feuillage roux,
Mariez leurs branches,
Perles rouges et perles blanches.
Coupez le gui, coupez le houx,
C’est la Noël, fleurissez-vous !



Le houx n’est pas rare dans notre forêt d’Argonne. Il peut vivre jusqu’à 300 ans. Seul arbuste à feuillage persistant qui n’appartienne pas à la famille des conifères, ses feuilles luisantes et épineuses vivent trois ans puis tombent. Ses branches les plus droites, au bois solide et d’une extrême souplesse, se sont longtemps prêtées à la confection des verges de fléau, des manches de fouet ou des balais. Son écorce était employée à la fabrication de la glu. Il a de nombreuses vertus oubliées de nos jours. Des feuilles sèches pulvérisées ou fraîches en décoction dans l’eau, servaient à combattre les accès de fièvre. Une décoction de feuilles dans la bière permettait, grâce aux sueurs qu’elle provoquait, de lutter contre les rhumatismes et la goutte. Quant aux fruits, mis à macérer dans l’eau, ils étaient recherchés pour leur effet purgatif.
Les druides vénéraient particulièrement le houx qui faisait partie des sept arbres sacrés celtes. Cette particularité d’être persistant lui conférait son caractère sacré Dans la pensée celte, le chêne gouvernait la partie « claire » de l’année tandis que le houx régnait sur la parie« foncée ». Le Roi Chêne gouverne pendant le temps où les jours rallongent, de décembre jusqu’au solstice d’été en juin. Le houx, son « jumeau sombre » règne ensuite de juillet jusqu’au solstice d’hiver, alors que la lumière décroît.


Le gui, on le voit partout dans les vergers et tout particulièrement sur les pommiers. Ce n’est qu’un demi-parasite : il prend à l’arbre“hôte son eau et ses sels minéraux, mais assure lui-même sa photosynthèse ; il produit sa propre chlorophylle. Comme il ne pousse que sur les arbres, ce sont les oiseaux qui le sèment : après avoir mangé ses fruits et les avoir digérés, les mésanges, les fauvettes, les sitelles, mais surtout les grives rejettent ses graines dans leurs excréments sur les troncs et les branches. La graine se colle sur l’arbre, germe et le gui se développe en pompant la sève de l’arbre grâce à un suçoir qui lui permet d’en percer l’écorce. Ses fruits, ces petites boules blanches et visqueuses, contiennent une substance qui a servi, dans le passé à fabriquer de la colle.
Le gui a de remarquables vertus thérapeutiques, utilisées dès l’Antiquité : hypotenseur, diurétique, antispasmodique (il calme la coqueluche, l’épilepsie). En Celte, le mot gui signifie : « Qui guérit tout ». Infusé dans de l’eau très pure, il permettait aussi de se protéger contre les sortilèges, les atteintes du poison et de rendre la fécondité aux animaux stériles.
Ce sont surtout les Gaulois qui vénéraient cette plante. Pour eux, le gui est une plante protectrice, venue du ciel. Elle joue un rôle essentiel dans leur cosmologie, où elle symbolise l’immortalité, comme le houx, par la persistance de sa couleur verte, qui défie la mort hivernale de la nature. On a tous encore le souvenir de cette page de notre livre d’histoire où l’on voit un druide coupant du gui. Comme c’est une plante sacrée, seul le druide peut la toucher. Il est tout de blanc vêtu, sa serpe est en or. Ses assistants doivent recueillir le bouquet dans un linge de lin en veillant bien qu’il ne touche jamais la terre.

Tout cela se passe lors de la « nuit-mère » qui marque le début de l’année celte, vers notre Saint Sylvestre actuelle. Le druide distribue le gui sacré en souhaitant : « Que le blé germe ». Les Gaulois le suspendent à l’entrée des maisons pour chasser le « mauvais œil » ; ils faisaient de ses cendres un talisman protecteur. Au Moyen-Age, l’expression « que le blé lève » est devenue « Au gui l’an neuf » avec toutes les traditions d’étrennes, les vœux de bonne année
.
S’embrasser sous le gui est également de tradition celte : c’est ainsi que les Gaulois faisaient la paix avec leur ennemi. Cet usage aurait aussi son origine dans une croyance nordique : la légende de Baldur et de Loki.
Perpétuons nos traditions, réunissons-nous en famille ou entre amis, décorons nos tables de fête, l’entrée de notre maison de gui et de houx !
Nicole Gérardot
Source : Les plantes nous racontent de Christine Delevoye Demolin

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