L’incendie de la ville :
Suite à notre article « C’était il y a 300 ans : la ville en cendres », paru dans notre dernier numéro (p. 19 et 20), un lecteur nous fait parvenir une carte postale représentant un dessin représentant l’hôtel de ville derrière des flammes ; la carte est signée « Thibault Mourlet ». 1980 : ce n’était pas pour un anniversaire de l’incendie mais pour commémorer la reconstruction de la cité. Au recto de la carte on peut lire « Commémoration de la reconstruction de la ville de Sainte-Ménehould entièrement
détruite. Hôtel de ville 1730, architecte dans la nuit du 7 au 8 août 1719 architecte du roi : Philippe de la Force ».
Cette carte avait été éditée par la société des Amis du Musée de Sainte-Ménehould à l’occasion du congrès départemental des sapeurs-pompiers de la Marne le 18 mai 1980. On pourrait même dire : « Ah si les pompiers avaient été là... ».
A propos de maraude :Suite à notre article « Histoire de maraude » paru dans notre dernier numéro, nous avons découvert un sens inédit du mot « maraude ». Déjà, pour nous, la maraude c’est prendre « quelques » fruits et légumes dans un jardin. Mais à l’heure actuelle, le mot « maraude » est aussi employé pour qualifier des opérations de secours envers les personnes sans abri. Mais un dictionnaire du XIXè siècle nous indique : « maraude vol commis par des gens de guerre ». Ce mot dérive de « maraud », terme de mépris désignant un vaurien, un coquin, un vil personnage.
C’était à l’époque où le soldat ne vivait que de la part qui lui revenairt du butin pris sur l’ennemi. Mais bientôt, au-delà des faits de guerre, des chefs organisèrent la maraude, même en pays ami. Ce fut du brigandage, du pillage mais le soldat pris en flagrant délit de maraude par le prévôt de l’armée était pendu immédiatement. Tout changea en 1789, à la Révolution. La maraude était alors punie d’emprisonnement, la récidive de cinq ans de fer. La maraude à main armée de huit ans de la même peine. La maraude à main armée de huit ans de la même peine.
Le dictionnaire précise encore : « Cependant il est constaté que ce délit se commet encore très fréquemment, surtout à l’arrière garde des armées françaises en campagne. » On est au milieu du XIXè siècle." Dictionnaire universel de Maurice Lachâtre, 1852-1856. Le baron Maurice de La Châtre (1814-1900) a écrit des ouvrages et des dictionnaires sous le nom de Lachâtre.
Les cabanes de bûcheron :
Dans notre numéro 82, Gérard Thiébault nous racontait ses souvenirs d’enfance quand son père était bûcheron et qu’il vivait avec sa famille dans les bois, dans une cabane. Un lecteur nous fait remarquer que l’on retrouve une description de cabane dans le livre de Jean Laurent : « L’Argonne et ses bordures » (page 201). Jean Laurent a écrit de nombreux livres sur l’Argonne, dont le célèbre « Argonne éveille-toi ». Dans ce livre, « L’Argonne et ses bordures », l’auteur parle des roches, du relief, de l’homme et bien sûr de la forêt.
Gérard Thiébault vivait dans les bois dans les années cinquante ; Jean Laurent a écrit son livre en 1948, il a donc vu lui aussi ces cabanes ; a-t-il rencontré Eugène Thiébault, le père de Gérard ? Nous avons voulu faire connaître une fois encore à nos lecteurs ce mode de vie étonnant et pourtant bien réel.
"LA VIE AU BOIS. “ Pendant les six à huit mois que dure la saison des coupes, un cinquième seulement des bûcherons s’installe en forêt dans des habitations temporaires. De forme trapézoïdale au sud de Grandpré, la hutte comprend des parois à double rangée de rondins revêtus de terre à la base, un toit plat recouvert le plus souvent de toile goudronnée, un sol de terre battue. Le confort fut longtemps réduit au strict minimum, mais depuis une vingtaine d’années,
dans les plaines méridionales, à, Charmont, Monthiers et Belval, on rencontre des huttes mieux aménagées, sinon spacieuses.
Eclairée de jour par une minuscule fenêtre, de nuit par la lampe à acétylène -une installation électrique n’est pas exclue lorsque la coupe se trouve à proximité d’un hameau ou d’une maison forestière- la pièce unique est parfois tapissée de papier tendu sur des panneaux de bois mobiles. Le lit ou les couchettes superposées disparaissent derrière une tenture de toile, voire un paravent. Exceptionnellement, une cloison provisoire sépare la chambre de repos de la cuisine. Dès les premiers jours du printemps, quelques fleurs ornent la table rustique ou le pas de la porte. En abordant le plateau des gaizes, à Châtrices ou à Beaulieu, on constate que les aménagements ont moins évolué, que les types de huttes demeurent rudimentaires.
Ici, le problème de l’eau est le moins facile à résoudre : si les sources des gorgeons voisins sont d’accès peu commode, on doit recourir au tonnelet rempli dans les fermes ou les hameaux distants de trois à cinq kilomètres, à l’eau de pluie qui ruisselle au long de l’écorce des arbres et que l’on recueille à l’aide de godets circulaires, de récipients en forme de V. Un autre inconvénient surgit lorsqu’il faut assurer, durant l’année scolaire, l’instruction des enfants. Au hasard des coupes et des engagements, le bûcheron et sa femme s’éloignent fréquemment de dix à vingt kilomètres du village où ils possèdent une modeste demeure. Ils y laissent les plus jeunes, emmenant avec eux les aînés, qui commencent de bonne heure leur apprentissage. Une partie des hivernants en forêt, venus d’autres régions boisées pour une ou deux saisons seulement, ne dispose en Argonne d’aucun point d’attache fixe, ce qui oblige les enfants à se rendre chaque jour à l’école la plus proche.
Les huttes sont abandonnées lors des migrations qui accompagnent chaque changement de coupe, chaque retour au village où, durant la période d’été, les bûcherons s’engagent pour la fenaison et la cueillette des fruits."
Tous les matins, un camion de l’exploitant
conduit à proximité du chantier la majorité des travailleurs habitant les communes environnantes. Ils se contentent d’un abri sommaire où les plus âgés affûtent les scies et les haches, préparent ou réchauffent les repas. Outre les hommes employés à l’abattage proprement dit, la majorité environ, la fagotteurs, les équarisseurs se livrent aux travaux complémentaires, ainsi que les scieurs de long qui débitent bûches et rondins, sectionnent les grumes. Ils utilisent le passe-partout, à défaut de scie mécanique ou électrique, dont l’introduction en forêt d’Argonne est limitée à quelques coupes situées aux abords des routes principales.
Jean Laurent parle de scie mécanique ! Aujourd’hui la tronçonneuse a envahi la vie du bûcheron et est omniprésente dans toutes les coupes de bois !
Publié avec l’autorisation de Ménehould Laurent, fille de l’auteur.
Exposition :
La Pietà à l’exposition bois-forêt-chrysanthème