Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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Les fleurs du printemps.

   par Nicole Gérardot



Après tout ce blanc vient le vert
Le printemps vient après l’hiver
Et après la pluie, le beau temps.
(poème Claude Roy)


Quel plaisir, en effet, à la fin de l’hiver, de voir sur les arbres dénudés, les premières prémices du renouveau de la nature. Les sous-bois se tapissent de vert et les anémones, appelées « anémones sylvie » ou« anémones des bois » apparaissent. Elles sont très communes dans nos forêts. Leur nom vient du grec « anemos » qui signifie « vent ». Ces jolies petites fleurs sont blanches, parfois légèrement teintées de rose, fragiles et éphémères. L’anémone fut importée des Indes en France sous Louis XIV par un fameux fleuriste, Monsieur Bachelier. Celui-ci, voulant spéculer sur cette nouveauté, refusa d’en céder les graines aux curieux. Il les autorisait seulement à venir visiter son jardin couvert d’anémones. Il était fréquent, à l’époque, d’attendre pour augmenter son profit que la demande devienne très forte, comme ce fut le cas en Hollande pour la tulipe.
Le tout-Paris attendait donc avec impatience. C’est alors qu’un conseiller du parlement tendit un piège au sieur Bachelier. Il vint voir les fleurs, revêtu de sa grande robe de magistrat, recommandant bien à son laquais de la laisser traîner au sol. Quand ils furent près des anémones, il frotta discrètement sa robe sur les fleurs de sorte que des graines s’y accrochent. Puis il prit congé.
Quand quelque temps plus tard, Monsieur Bachelier vit fleurir des anémones dans Paris, il comprit qu’il avait été berné.
L’anémone sylvie peut être utilisée en friction locale contre les rhumatismes. Comme les autres anémones, elle est toxique. 200 mg d’anémonine suffisent à provoquer la mort d’un animal de 10 kg.

Tout comme l’anémone, la primevère s’ouvre avant que les grands arbres se couvrent de feuilles et empêchent la lumière d’atteindre le sol.
La primevère, nous en avons tous fait de jolis bouquets. C’est le coucou, qui comme l’oiseau du même nom, annonce la venue du printemps. Selon la légende, elle serait née à l’endroit précis où saint Pierre aurait égaré les clés du paradis et la forme de ses fleurs rappelle le trousseau de clés perdu par saint Pierre.
Déjà connue à l’époque de Pline l’Ancien (23-79 après J.C), on en faisait des onguents et des préparations pour les rhumatismes. Le médecin de Louis XV affirmait que cette plante servait contre la paralysie et le bégaiement. D’autres la conseillaient pour l’endormissement ou contre l’arthrite. George Sand la consommait en infusion.
La primevère a donc de nombreuses vertus. Aujourd’hui encore, on la trouve dans des sirops pour la gorge ou des lotions contre les contusions.

En Angleterre, cette modeste fleur est un porte-bonheur à l’instar du muguet en France. La petite histoire veut que, vers la fin des années 1870, une jeune fille fit une entrée remarquée, lors d’un bal, en portant pour seul bijou une couronne de coucous. Séduit, le premier ministre Benjamin Disraeli, présent à ce bal, porta, chaque printemps, une fleur de coucou à sa boutonnière. Lors de ses funérailles, la reine Victoria fit envoyer une couronne de primevères. Il fut même fondé, en 1883, « la ligue de la primevère ».

Recette de muffins aux coucous
- 70g de farine de petit épeautre ou de blé.
- 70g de farine de riz/ millet.
- 80g de sucre roux, 1 sachet de poudre à lever, 20g de poudre d’amandes, 2 œufs, 20g d’eau, 70g d’huile.
- Un bouquet de fleurs de coucous.





Mélangez les farines, la levure, le sucre et la poudre d ’amandes. Ajoutez les œufs, puis l’huile et l’eau en mélangeant pour obtenir une pâte homogène.
Coupez les pédoncules des fleurs en petits morceaux et détachez chaque fleur de l’ombelle. Ajoutez à la pâte.
Gardez quelques fleurs pour la décoration.
Versez dans des moules à muffins et faites cuire à basse température pendant 25 minutes.

L’hybridation entre fleurs naturelles et artificialisées pose le problème de « la dilution génétique ». Les authentiques fleurs sauvages disparaissent au profit de mélanges hétéroclites moins résistants, et avec elles s’évanouit leur patrimoine génétique originel. C’est le cas des primevères, on en compte plus de 400 espèces, mais aussi des anémones.
Nicole Gérardot

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