Cette carte montre l’entrée du village de Passavant côté Sainte-Ménehould. Cela semble bien tranquille et rural, et pourtant, la légende indique : les tuileries. A l’époque, Passavant était une commune consacrée aux tuileries. Mais, sans vouloir faire l’historique de cette industrie, lisons les livres de l’époque :
L’Argonne, guide du touriste et du promeneur de Louis Brouillon, début XXe siècle :
« L’entrée de Passavant est signalée par de nombreuses tuileries dont les toits noircis s’empanachent de fumée. »
L’Argonne guide illustré de G. Chenet, année 1920 :
« Passavant fut souvent appelé autrefois »le village aux tuileries« . Il y en eut jusqu’à vingt-deux, échelonnées sur près de deux kilomètres ; actuellement il n’en reste plus que deux ou trois. »
Géographie de la Marne par M. Poinsignon, 1874 :
« Il y a dans la Marne, répartis dans 90 communes, plus de 200 établissements de ce genre, dont les produits sont estimés à plus de 1 500 000 francs. Les plus nombreux sont à Pargny-sur-Saulx, qui en possède 19, à Passavant qui en possède 16 On estime à 35F le mille de briques, à 14F celui des tuiles. »
Richesses naturelles de l’Argonne du sud, André Gerbeaux et Michel Poncelet, années 60 :
« Trois ateliers sont plus conséquents que les autres : ce sont la tuilerie des frères Noël, celles d’Alexis Huot et de Claude Géant qui emploient chacune trois hommes et cinq femmes et produisent bon an mal an 300 000 tuiles et 75 000 briques et carreaux. A la veille de la guerre 14-18, il restait six ateliers. Un seul en 1931. »
Guide de l’Argonne, Centre d’études argonnais, années 80 :
« Notons que les potiers de Passavant exportaient leurs produits : briques, tuiles courbes et pavés de sol dans un large secteur environnant, Sainte-Ménehould comprise. »
Aujourd’hui l’Argonne, Jean-Louis Méry, 2013 : Dans ce livre, l’auteur écrit un poème sur chaque village. Pour celui de Passavant, la seconde partie évoque les tuileries :
Avec le temps, la cité s’est spécialisée
L’habileté de ses artisans fut très prisée,
La qualité de l’argile extraite reconnue
Aussi, nombreuses briqueteries, tuileries, furent bienvenues.
Au milieu du dix-neuvième siècle, jusque 20 on compta,
Mais, le chemin de fer ici, point ne passa,
Ateliers déclinèrent, baissa la population,
Sur place, ne fut pas trouvée la compensation.
Mais que l’on se rassure, Passavant avait d’autres atouts. G. Chenet à écrit :
« Outre son petit vin, Passavant entouré d’arbres fruitiers produit de l’eau de vie : mirabelle et quetsche très appréciées. »
L’atlas de la Marne 1878 donne des chiffres : 110 hectares de vignes et 126 de prés avec les arbres fruitiers pour un total de 708 hectares. La commune comptait alors 907 habitants quand Sainte-Ménehould en avait 4240.