Louis XVI aurait perdu la tête à cause d’une pièce de monnaie, tout cela à cause de Drouet qui aurait reconnu le roi quand on lui tendait une pièce (ou un assignat) pour payer le relais de poste. Certains y croient, d’autres non…
C’est du moins ce qu’a raconté Drouet à l’assemblée nationale le 24 juin 1791 :
« Le 21 juin, sur les sept heures et demie du soir, 2 voitures et onze chevaux arrivèrent à la poste de Sainte-Ménehould pour y relayer. Je crus reconnaître dans l’une de ces voitures les traits de la reine que j’avais déjà vue ; et je fus frappé de la ressemblance dans l’une des voitures de celui qui l’accompagnait avec l’effigie du roi empreinte sur l’assignat de cinquante livres. » (Archives départementales transcrites dans le livre de l’association des « Amis de Drouet ».) Ce récit aurait, paraît-il fait rire les députés. Se moquaient-ils de Drouet ou du roi ?
On parle ici d’assignat, le deuxième papier monnaie de l’histoire, qui aura cours jusqu’en 1797. Et cet assignat de 50 livres montre un portrait que l’on dit approximatif, du roi. Mais qu’en est-il du portrait de Louis XVI ? La revue « Bulletin numismatique » nous donne quelques précisions.
De 1774 à 1792, un seul portrait a été utilisé pour les monnaies. Il était attribué à Duvivier. Pierre Simon Benjamin Duvivier est devenu graveur général des monnaies en 1774. Il a été révoqué en 1791 quand les lois furent changées. Sur les pièces, il est gravé DUVIV, par manque de place.
Un concours organisé en 1791 allait dénommer, parmi 7 graveurs, le citoyen Dupré ; Augustin Dupré fut nommé en 1791 le 14ème graveur général des monnaies.
Autrement dit, le portrait du roi n’aurait pas changé sur les pièces jusqu’en 1792. Donc la pièce (ou l’assignat) aurait montré une personne beaucoup plus jeune que celle qui était dans la voiture. Le jour de la fuite à Varennes, il allait avoir 37 ans ; c’est peu avec nos critères, c’est déjà beaucoup pour cette époque ou la moyenne de vie n’était pas de 40 ans.
Louis XVI était grand, 6 pieds, 3 pouces soit 1,93 m, et était paraît-il doué d’une force considérable. On est loin du « petit gros ». Mais le peuple ne connaissait le visage de Louis XVI que par les caricatures montrant un roi petit, obèse, gros comme un cochon.
Vraie ou pas, cette histoire intéresse toujours les historiens et même on le voit les collectionneurs de monnaies… et fait parler de notre bonne cité argonnaise.
Sur une idée de Luc Delemotte