Le 6 mars 1910, à Hans et Somme-Bionne, la jeunesse de ces deux villages organise une cavalcade qui a obtenu un grand succès. On lui a fait le meilleur accueil, notamment à Suippes. Les organisateurs ont édifié pour l’occasion cinq chars réussis. Ils ont trouvé dans les éloges des spectateurs un dédommagement à leurs efforts.

Le premier char est celui de la musique. À cette époque, beaucoup de villages créent une fanfare et les amateurs sont nombreux à s’inscrire.

Le second char nous fait admirer un aéroplane baptisé « Somme-Bionne ». Il met en valeur l’essor de l’aviation en ce début de 20e siècle. Les progrès concernent nombre d’activités diverses comme la science, la médecine, le transport, la mécanisation, etc.

Avec le char suivant, dénommé « de l’entente cordiale », nous entrons dans la politique et dans les réalisations du moment au niveau national. Il est représenté par des jeunes filles sur le char.
« L’Entente cordiale » a vu le jour sous Louis Philippe. Elle se charge d’établir de bons rapports entre la France et l’Angleterre. Elle est reprise en 1904 pour régler les problèmes de cette époque. En effet, en ce début de 20e siècle, la colonisation bat son plein et elle concerne surtout l’Europe de l’Ouest. Commencée au 16e et 17e siècle, elle a repris de plus belle au milieu du 19e siècle et durera jusqu’en 1914.
L’Angleterre, avec un empire de 35 millions de km2 et la France avec 12 millions de km2 possèdent alors les empires coloniaux les plus vastes du monde, à l’apogée de leurs conquêtes. L’entente cordiale entre ces deux pays a pour but de régler les problèmes dus à la colonisation. L’intérêt est donc politique pour ces deux pays qui se regardent la plupart du temps en « chiens de faïence ».
Auparavant, l’Exposition universelle de Paris, en 1900, a déjà mis en avant toutes les conquêtes coloniales avec des civilisations inconnues et des animaux exotiques plus intéressants les uns que les autres.
Suite à ces bouleversements en France, l’engouement se répercute jusque dans les villages argonnais et ses voisins. Cela explique le contenu et les thèmes de ces deux chars lors des cavalcades de Mardi-gras. Il est rare de mettre en valeur à ce point des actions de niveau national dans les divertissements de petits villages. Cela dénote l’enthousiasme suscité par ces conquêtes coloniales et ce qu’elles apportent de nouveautés !!!
Aujourd’hui le bilan de ces conquêtes est revu de manière plus objective et donne lieu à des pardons des gouvernants.

Le char des colonies, la star de la cavalcade, arrive ensuite. Il transporte un énorme éléphant avec son conducteur, lui en chair et en os, très haut perché. Il se dénomme « Cornac », personnage chargé de conduire et de soigner les éléphants.
Évidemment, c’est le clou de la journée, ovationné tout le long de son parcours long d’une quinzaine de kilomètres, le menant jusqu’à Suippes.
Le 5ème et dernier char est celui de l’indéboulonnable « Charlatan », souvent présent dans les cavalcades de la région. On revient alors dans la vie au quotidien avec son environnement tout proche.
Si le thème de la colonisation peut étonner, par contre, le but de cette cavalcade est d’aider les victimes des inondations de la Marne de janvier 1910. En effet, les organisateurs leur offriront la recette de cette journée inoubliable.
La journée se termine par une loterie qui consiste à deviner le nom de l’animal figurant sur le char des colonies. Plus de 100 lots ont été offerts par les habitants de Hans, Somme-Bionne et des environs. Grâce à cela, le bénéfice a été élevé et a servi à aider les victimes des inondations de la Marne de janvier 1910. La collecte a peut-être atteint le niveau de la crue de cette rivière apportant du réconfort aux victimes de cette météo capricieuse.
- Le 4 avril 1910, cavalcade à Vraux avec 5 chars : gaulois, musique, marins, quêteurs et pour finir le char du Charlatan avec tambours et clairons.
- Mardi gras 1913, la jeunesse de Somme-Yèvre organise une cavalcade et compte se rendre dans des communes avoisinantes, puis bal chez Michel, débitant.

La guerre de 1914 a rayé de la carte ce beau village
- Le 2 mars 1913, Perthes-lès-Hurlus. Cavalcade par la jeunesse du village. Elle s’est produite jusqu’à Suippes, Jonchery-sur-Suippe, Saint-Hilaire-le-Grand et Souain.
Deux chars : le premier avec des jeunes gens brillamment costumés et le second avec un groupe de musiciens de la fanfare municipale.
Ils se proposent de visiter le 9 mars, la semaine suivante : Tahure, Ripont, Rouvroy, Cernay-en-Dormois, Ville-sur-Tourbe, Virginy, Massiges, Mesnil-les-Hurlus et Hurlus. Le produit de collecte ira à la fanfare et à la Croix-Rouge.
Dominique Delacour