Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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Les prénoms.

   par Nicole Gérardot



Quand on nous annonce une naissance, on est souvent surpris par le prénom du nouveau-né. On se dit : « Tiens, c’est un vieux prénom qui revient à la mode ou j’ai connu dans mon enfance quelqu’un qui portait ce prénom. »
Louis, Arthur, Gabriel, Léon, Emma, Louise sont des prénoms qui ont beaucoup été donnés en 2020. On les trouve déjà dans les années 1900-1920. Un prénom est à nouveau donné quand il n’y a plus de personne vivante qui le porte. Peut-être, reverra-t-on dans quelque temps les Michel, François, Monique, Nicole, Jaqueline. Prénoms qui ont beaucoup été donnés dans les années 1930-1950.


Quand on a la curiosité de lire les prénoms sur les vieilles tombes du cimetière on est surpris d’en voir de très jolis : Eglantine, Célestine, Augustine, Eugénie, Victorine et bien d’autres encore. Puisque je cherchais des prénoms, j’ai ouvert mon arbre généalogique. Sur une branche, pratiquement toutes les filles s’appelaient Marie avec un autre prénom accolé : Marie -Louise, Marie- Anne, Marie -Madeleine et d’autres encore...
Il est vrai que si Jean est le prénom de garçons le plus donné depuis 1920, devant Pierre et Michel, Marie arrive en tête du classement devant Jeanne, Françoise, Monique, Catherine.
Dans sa chronique gastronomique « Horizons d’Argonne » le père Bonnet, alors qu’il donne la recette de la pâte à tarte de sa grand-mère Marie, écrit :
« Marie, c’est le ciel, c’est aussi une jeune fille de Galilée. Toutes les pauvres bonnes des propriétaires et notables du dix-neuvième s’appelaient Marie. Les bourgeoises à sonnette remuaient un pied sous la table et Marie sortait de sa cuisine pour servir madame au salon, torcher les gosses et subir les remontrances et condescendances. Marie, prénom de la mère de Dieu et des bonnes à tout faire. Et puis encore, j’en ai assez de ces prénoms sortis de la corbeille à papiers du chroniqueur mondain du Figaro : Fabienne, Fabiola, Gréta, Patricia, Corinne. Tous les sous-produits des histrions de pellicules (la revue est parue en 1967). »
Le père Bonnet suggère que des petits Argonnais s’appellent : Marie Argonne, Marie Ménehould ou Nicolas-Rouin.
Au XIIIème siècle, un enfant sur quatre meurt avant un an et un sur deux seulement arrive à l’âge adulte. (Ce sont les progrès de la médecine et l’hygiène qui ont permis de faire tomber la mortalité) Chaque enfant qui naît est destiné à remplacer un des grands-parents âgé. C’est pourquoi les aînés des petits-enfants portent souvent le prénom des grands-parents. Si ces premiers meurent précocement, le prénom est redonné aux enfants suivants. Les parents ne choisissent pas le prénom de leur enfant.
C’était toujours le cas aux siècles suivants. Jusqu’ au XIXe siècle, pour les autres enfants, la règle était simple pour choisir un prénom. Le parrain donnait son nom à son filleul ; la marraine à sa filleule. Si la famille n’arrivait pas à se mettre d’accord, c’était l’église qui proposait de donner à l’enfant le prénom du saint du jour de la naissance. Je sais que mon grand-père s’appelait Blaise parce qu’il était né le 3 février. On baptisait encore sans tarder car l’espérance des nouveau-nés était encore réduite. Au XXe siècle, on donnait encore trois prénoms, fréquemment le prénom de parents décédés (oncle, frère et sœur).
Mais revenons à nos aïeux, ils avaient trois prénoms, on les appelait parfois par le deuxième, ils avaient souvent un sobriquet ou on déformait leur prénom ! C’était assez compliqué. Voilà un petit jeu, amusez- vous à retrouver le prénom :

Natole Fonsine
Lexande Génie
Noré Tasie
Bébert Laïde
Fonfonss’ Mélie
Médée Norine
Minmin Guiguite
Gégène Frasie


Dans mon village, j’ai connu le « Néness » et la « Titine ». Le Néness, son prénom est facile à deviner, mais la Titine, comment s’appelait-elle ? Ernestine ? Valentine, Célestine ?
C’était tout de même dommage de déformer de si jolis prénoms. Cette coutume s’est perdue dans les villages, mais ajouter l’article le ou la devant le prénom perdure encore.
La France a pendant longtemps restreint la liberté de choix d’un prénom. L’instruction ministérielle de 1966 élargit le répertoire des prénoms recevables à des prénoms tirés de la mythologie, prénoms régionaux, prénoms composés.
Les Gaulois ne nous ont pas laissé leurs prénoms. Astérix, Obélix, sont nés de l’imagination d’Uderzo, mais des prénoms celtes sont encore donnés, notamment en Bretagne : Alan, Kylian, Erwann, Gaël, Morgane, Nolween, Annick...
La loi de 1993 assouplit la réglementation concernant les prénoms. Elle offre aux parents la possibilité de choisir des noms de baptême originaux. En effet, ceux-ci sont autorisés à donner n’importe quel prénom à leur enfant, dans la mesure où il ne porte préjudice ni au droit des tiers, ni à l’enfant. (internet)
(Dominicain, prédicateur remarquable, érudit, théologien, le R.P. Serge Bonnet a toujours été très attaché à l’Argonne. Pendant de longues années, il a été le directeur de publication de la revue « Horizons d’Argonne ». Il a largement contribué au renouveau et à l’édification de la chapelle de saint Rouin.)
Nicole Gérardot

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