Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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Le reliquaire de sainte Ménehould.

   par John Jussy



Face avant : Ménehould accueille quatre infirmes



Face arrière : les 7 sœurs reçoivent le voile des mains de saint Alpin, évêque de Châlons



Nombreuses sont les personnes qui quittent l’église saint Charles après une cérémonie sans remarquer le grand meuble en bois qui abrite le reliquaire de sainte Ménehould. Le long du pilier, la châsse-meuble renferme le reliquaire que l’on peut voir à travers la « grille » ; un tour de clé et voilà le reliquaire dans sa cage feutrée.
Le reliquaire est un bras posé sur un socle dont les quatre faces sont ornées de scènes de la vie de Ménehould. Le bras est surmonté d’une main tenant un fuseau, référence à Ménehould qui filait pour les pauvres. Le reliquaire est en bois de macassar (1), les figurines sont en ivoire.

Les reliques sont visibles ; Emile Baillon (2) a écrit :
« Les extrémités du fuseau sont armées d’or tandis que huit améthystes ornent les arêtes du socle et qu’une pierre précieuse d’un bel éclat rouge foncé dit escarboucle, incrustée dans la ligne du bras, permet de voir un fragment de la relique. »

L’artiste à qui l’on doit ce reliquaire est Edgar Delvaux (voir encadré). Reste à savoir comment et pourquoi cet artiste, qui vivait dans l’Auxerrois, a été choisi pour réaliser cette œuvre ? Peut-être que les Ménéhildiens avaient vu la statue géante, en granit, que le sculpteur avait réalisée pour la chapelle Notre Dame de Toute Prudence au col de l’Iseran, à 2764 m d’altitude.
Ce reliquaire doit avoir une importance artistique, il figure dans la liste des œuvres du sculpteur à côté de grandes sculptures comme notre Dame des Alpages au col des Aravis.
C’est en 1944 qu’Edgar Delvaux, aidé par l’orfèvre parisien Ravir, commence à réaliser ce reliquaire ; le travail durera 4 ans et ce n’est qu’en juillet 1948 qu’il sera amené à Sainte-Ménehould.

Face gauche : le miracle de Côte à Vignes



Face droite : Ménehould au chevet des malades



Encore une interrogation : pourquoi avoir voulu ce nouveau reliquaire alors que la France est encore sous l’occupation ?

Une œuvre d’art : Le reliquaire en bois allait être rangé au musée et le nouveau reliquaire allait renfermer avec élégance les reliques. Baillon a écrit :
« L’avant-bras qui s’élance de ce socle est animé d’un mouvement très souple que souligne encore d’une façon heureuse, les nervures et les fibres du bois exotique brun d’où surgit, avec la pureté d’une fleur qui s’épanouit, la blancheur de la main, frêle mais stylisée, taillée ainsi que le fuseau qu’elle serre, d’une seule pièce dans la masse même de l’ivoire. »
Emile Baillon n’aimait pas la chapelle de saint Rouin, mais il trouvait le reliquaire exceptionnel. Ce reliquaire fait partie de notre patrimoine. Si vous le pouvez, croyants ou pas, Argonnais ou gens d’ailleurs, allez voir le reliquaire d’Edgar Delvaux.


Notes :
- (1) L’ébène de Macassar est un bois qui pousse dans les forêts tropicales d’Indonésie.
- (2) « Sainte-Ménehould et ses voisins » par Emile Baillon, 1957, page 204 dans la version originale. Réédition disponible en librairie.
- (3) Leugny est une commune de 350 habitants près d’Auxerre. Sur le site de la commune, pas trace de l’artiste.
- (4) Un oblat est un laïc qui suit les règles d’un monastère sans déclarer les vœux et en gardant son habit de civil. Paul Claudel (écrivain) et Robert Schumann étaient des oblats. Pour une femme on dit oblate.
- Prochain numéro : les fêtes en l’honneur du reliquaire.
John Jussy

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