Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


Enregistrer au format PDF :Version Pdf


Version imprimable de cet article Version imprimable **




L’exode d’une famille argonnaise.

   par Un lecteur du petit journal



En 1940 nous habitions à Hans, petit village près de Valmy, à une quinzaine de kilomètres de Sainte-Ménehould, dans la famille de ma mère, mon père ayant été « appelé sous les drapeaux. »
En juin, ma mère accompagnée de ses parents et de ses beaux-parents avec deux jeunes enfants (Josiane 27 mois et moi-même, 16 mois) est partie en exode vers le sud en direction de Vitry-le-François. Toutes les bêtes de la ferme avaient été lâchées dans la nature. Mon père était alors mobilisé et l’on n’avait pas de nouvelles de lui.
Des chevaux tiraient une charrette avec un chargement hétéroclite : literie, vêtements, provisions. Deux vaches suivaient, attachées à la charrette. Elles devaient fournir le lait dont nous avions besoin ma sœur et moi.
Après un certain nombre de kilomètres, le landau que poussait ma mère a rendu l’âme. Comme nous arrivions à Vanault-les-Dames, ma mère est entrée dans une maison que ses habitants avaient désertée et là elle a trouvé un autre landau qui allait remplacer celui qui ne pouvait plus rouler. Ayant trait ses vaches, elle a même pu chauffer le lait sur la cuisinière encore chaude. Et nous avons continué notre route.
Par manque d’hygiène certainement, j’avais des boutons sur les fesses et de la fièvre. Ma belle-sœur a eu la bonne idée de dire à ma mère de faire des enveloppements humides avec une serviette trempée dans l’eau d’un ruisseau. Ce remède s’est révélé efficace, sinon…
Passant par Givry-en-Argonne puis par Vitry-le-François, nous sommes arrivés en vue de Brienne-le-Château (Aube). C’est alors que des Allemands nous ont rattrapés en nous disant : « Madame, la guerre est finie, vous pouvez rentrer chez vous. » Brienne-le-Château était en flammes, un dépôt de carburant brûlait. Le maréchal Pétain venait de signer un armistice avec les Allemands. [1]
Nous avons alors fait demi-tour et sur notre trajet nous avons vu des morts, des chevaux en putréfaction, des véhicules de tous genres dans les fossés et des avions qui nous bombardaient. C’est une chance que nous soyons rentrés indemnes. Sur le retour nous avons abandonné une vache qui ne pouvait plus marcher. Nous avons parcouru près de 150 km en tout.
Arrivés au village, nous avons eu du mal à récupérer tout notre bétail. Le maire a eu la bonne idée de demander aux habitants de rassembler toutes les bêtes qui, comme par enchantement, ont retrouvé leurs étables, écuries et bergeries.
La vie a repris son cours mais les années suivantes furent très difficiles avec l’occupant allemand. Puis ce fut la Libération avec les Américains que j’ai vu arriver, venant de Reims. J’avais une tante sur le bord de la route qui les acclamait et nous ramassions chewing-gum, gâteaux que nos libérateurs nous jetaient.
Puis ce fut le retour à la maison à Berzieux où nous habitions alors jusqu’à ce que nous allions louer en 1945 une petite ferme à Binarville.
Un lecteur du petit Journal

Notes

[1Le 22 juin 1940 à Rethondes

Répondre à cet article


-Nombre de fois où cet article a été vu -
- -
Sainte-Ménehould et ses voisins d'Argonne
Association déclarée le 06 février 1998
Siège social : Hôtel de ville
B.P. 97- 51801 Sainte-Ménehould