Il y a 125 ans, Emile Zola publie dans le journal « L’Aurore », fondé par Clémenceau, la lettre ouverte envoyée au Président de la république Félix Faure : « J’accuse ».
Une bombe éclate. L’Argonne est en émoi parce que l’un des protagonistes concerné est un Argonnais. Emile Zola, en écrivant « J’accuse » poursuit un but : être traduit en justice afin qu’y éclate la vérité sur l’affaire Dreyfus. Malheureusement il ne connaîtra jamais la suite réservée à son combat car il meurt asphyxié à son domicile le 29 septembre 1902.
Revenons aux faits : en 1894, Alfred Dreyfus, officier français d’état-major, Alsacien et juif, est accusé d’avoir livré des informations sur des secrets militaires français à l’Allemagne. Jugé coupable, il est condamné au bagne. Sa famille organise sa défense et le véritable traître est identifié : le commandant Walsin Esterhazy. Ce fait est reconnu par le lieutenant-colonel Georges Piquart, chef des renseignements militaires. Il vit à Dommartin-la-Planchette dans sa propriété.
Néanmoins le soutien à Dreyfus oblige l’état-major à juger Esterhazy en conseil de guerre. Soutenu par une partie de l’état-major, Esterhazy est acquitté et Dreyfus reste au bagne.
Mais qui est cet Argonnais à l’origine de l’affaire ?
Marie-Charles-Ferdinand Walsin Esterhazy est né le 16 décembre 1847 à Paris. Son père, d’origine hongroise, est né en 1807, il n’avait que 10 ans quand celui-ci mourut. Officier français au 74e régiment de ligne, il servit à titre d’étranger et fut mis en disponibilité pour cause d’infirmité temporaire. Il est attaché à l’état-major de l’armée. Il est criblé de dettes mais il possède néanmoins la possibilité de se rendre comme il le souhaite au camp de Châlons. Il mène un train de vie à tout va. Que ferat-il des confidences obtenues, sinon les monnayer. En anecdote j’ai pu lire dans les pièces de son procès à Vincennes la réclamation d’un commerçant de Sainte-Ménehould pour une lampe électrique non payée.
Le 18 juillet il révèle être l’auteur du faux bordereau mais écrit, dira-t-il, sur l’ordre de ses supérieurs. Qui dit la vérité ?
Antisémite notoire, il s’appuie sur Drumont ou Barrès. Après toutes ces péripéties, il prend la fuite en Belgique puis en Angleterre où il vit d’expédients et d’articles de presse.
Il meurt le 21 mai 1923 à Harpenden (Angleterre) sous le nom de comte de Voilemont et il ne sera jamais jugé et pour cause.
La traîtrise, l’intérêt, l’antisémitisme sont sans doute dans les gènes de la nature humaine et ils font malheureusement surface régulièrement. Peut-être que Talleyrand a été son modèle un siècle auparavant.
Patrick Desingly, Président.