On trouve tous les jours des mots disparus aujourd’hui, mais qui vivent encore dans les vieux livres. Dans le livre « La Champagne, étude géographique régionale » de Emile Chantriot, paru en 1906, on trouve ce mot : BRIOLEUR.
Extrait :
« C’est la forêt qui contribue à faire vivre le plus grand nombre de ses riverains ; les paysans de l’Argonne sont bûcherons, scieurs de long, charbonniers, tourneurs, marchands de bois. Les brioleurs vont charger sur des mulets, au fond des ravins et jusqu’au sommet des crêtes les bois d’œuvre, bois de mines, traverses de voie ferrée, charriés ensuite à la gare des Islettes. »
Le brioleur, on dit aussi BAUDELIER, c’est celui qui transporte du bois avec des bêtes de somme. Le nom viendrait de brio qui en italien veut dire « vif, rapide ».
Le dictionnaire Littré cite une phrase d’André Theuriet :
« Dans ces bois escarpés (de l’Argonne), les charrois se font la plupart à dos de mulet. De là l’industrie des brioleurs qui conduisent aux verreries charbon, fougère, bois de chauffage. »
Pour les industries, Emile Chantriot précise :
« On fabrique aux Islettes des montants et bâtons de chaises, au Neufour des attelles de colliers et des arçons, à Futeau et à Varennes des manches de pinceau et de fouet ; Florent est le centre des tonneliers qui travaillent pour le vignoble champenois. »
Avant de conclure : « les vicissitudes et la décadence progressive de ces petites industries ont contribué au dépeuplement de la contrée ». Comme le disait Alphonse Daudet : « Mon bon monsieur, tout a une fin en ce monde ». Fini les travailleurs du bois, les mulets, les brioleurs. Mais la forêt d’Argonne est toujours forêt, elle.