Dans la majorité des communes argonnaises, le monument aux morts occupe une place privilégiée : devant la mairie, l’église ou sur la place principale du village. Quelques-unes lui ont substitué une plaque à l’intérieur de l’église (c’est le cas pour Belval-en-Argonne et Le Chemin) où sont inscrits les noms des victimes des guerres ou seulement les paroissiens s’il existe déjà un monument aux morts communal.
A Florent-en-Argonne, il y a bien un monument aux morts mais aussi, sur un vitrail de l’église, les visages de 15 victimes de la guerre de 1914-1918 (13 soldats et 2 civils) et 1 nom supplémentaire.
Ce vitrail a été réalisé en 1924 par le maître-verrier Edgard Mauret, de Heiltz-le-Maurupt.
Edgard MAURET est né le 23 juillet 1887 à Bordeaux. A l’âge de 13 ans, il entre en apprentissage chez le peintre-verrier Dagrant à Bordeaux puis suit des cours de dessin à l’Ecole des Beaux-Arts de cette ville. En 1910, il décide d’aller à Paris pour se perfectionner dans son métier. Après la guerre, en 1919, il reprend l’atelier de son ami peintre-verrier Marsacq, décédé, puis va s’installer en 1921 dans le village natal de sa femme à Heiltz-le-Maurupt dans la Marne.
Qui sont les victimes mentionnées ?
Charles Joseph Marie Vincent AUBRY est né le 23 février 1875 à Reims de Jean François Alfred AUBRY et Charlotte Thérèse MIDOUX. Lors de son incorporation, il était tonnelier. Le portrait du vitrail correspond à la période où il a fait une période d’exercices au 46e RIT en 1912.
Rappelé sous les drapeaux en 1914, il est affecté au 35e Régiment d’Infanterie Territoriale le 10 décembre 1915 et sera tué à Avocourt (Meuse) le 15 août 1916. Il obtiendra la Croix de Guerre et la Médaille Militaire à titre posthume le 6 décembre 1919. « A toujours été un vaillant soldat montrant partout le même courage et la même ardeur ». Il est inhumé à la nécropole nationale de Florent-en-Argonne, tombe 609. Il avait 41 ans.
Georges Célestin BARDET, cultivateur, est né le 18 janvier 1898 à Florent de Léon BARDET et Marie Estelle SEBASTIEN.
Incorporé le 4 mai 1917 au 29e Bataillon de Chasseurs à Pied, il est tué aux Eparges (Meuse) le 10 juin 1918. Il est inhumé dans le cimetière communal de Florent-en-Argonne. Il avait 20 ans.
Henri Georges BOUCAULT est né à Paris 10e arrondissement le 25 juin 1896, de Henri Victor BOUCAULT et de Marie Rose BONNE. Electricien, il est incorporé le 12 avril 1915 au 82e Régiment d’Infanterie et passe au 4e Régiment d’Infanterie le 2 juin 1916. Il est tué à l’ennemi le 25 juillet 1916 en forêt d’Argonne. Le Journal Officiel du 23 novembre 1920 mentionne : « A la suite de l’explosion d’une forte mine allemande, a combattu courageusement pour nous assurer la possession de l’entonnoir. A été tué au cours de la lutte. » Il a obtenu la Croix de Guerre avec palme et la Médaille Militaire. Il avait 20 ans.
Georges Charles DELIEGE est né le 28 février 1888 à Florent.
Instituteur à Argers, il était le fils de Pierre Ernest DELIEGE et de Marie Emilie DEPORS. Il s’était engagé volontairement pour trois ans en 1906 et devint caporal en 1907. Rappelé lors de la mobilisation au 155e Régiment d’Infanterie, il devient sergent en 1915 et sera tué par éclat d’obus à la tête le 30 mai 1916 au Mort-Homme (Meuse). Il est inhumé à la nécropole nationale de Landredourt-Lempire, carré B, rang 3. Il avait 28 ans.
Marie Catherine FONTAINE née le 24 novembre 1848 à Florent de Claude Alexandre FONTAINE et de Célestine GOUBEAUX, a épousé Jean Baptiste Alfred DAQUIN, maçon, le 17 avril 1871. Elle est ici représentée avec sa coiffe de deuil. Partie cueillir des pissenlits, elle fut atteinte par l’explosion d’une bombe à l’angle de la rue Basse et de la ruelle du Vieil Abreuvoir, à Florent. Elle est décédée le 10 juin 1917 au domicile de Madame Deliège-Lequerne (dite La Pézette). Elle avait 68 ans.
Eugène Léon GARNIER est né le 1er avril 1893 à Florent de Jean Baptiste Edmond GARNIER et de Augustine Marie DUPONT. Domestique à Beaulieu lors de son incorporation le 26 novembre 1913 au 154e Régiment d’Infanterie, il est tué à l’ennemi le 16 avril 1917 au nord-ouest de Berry-au-Bac (Aisne). « Brancardier, qui a fait preuve du plus grand dévouement en assurant d’une façon remarquable le transport des blessés sous des violents bombardements. » Titulaire de la Croix de Guerre avec trois étoiles de bronze et de la Médaille Militaire à titre posthume, il est inhumé à la nécropole nationale de Berry-au-Bac, tombe 847. Il avait 24 ans.
Louis Auguste GUILLAUMET est né le 31 mars 1886 à Sainte-Ménehould de Louis Henri GUILLAUMET et de Marie Désirée GENTIN. Tonnelier à Florent lors de son incorporation, il est affecté au 3e Régiment du Génie puis au 9e où il est sapeur-mineur. Il est tué à l’ennemi, aux Eparges, d’une balle à la tête, le 23 janvier 1916. Croix de Guerre avec étoile de bronze. Il avait 29 ans.<
Léon André HANUS est né le 14 mars 1894 à Sainte-Ménehould de Jules Joseph Henri HANUS et de Anne Marie Caroline ANTOINE.
Cultivateur à Florent, Léon André HANUS est incorporé au 67e Régiment d’Infanterie. Il disparaît le 24 avril 1915 à la Tranchée de Calonne (Meuse). Il est inhumé au cimetière communal. Son frère est également « Mort pour la France ». Il avait 21 ans.
Marcel Emile HANUS est né le 20 janvier 1889 à Florent de Jules Joseph Henri HANUS et de Anne Marie Caroline ANTOINE.
Négociant en bois, il est affecté au 94e Régiment d’Infanterie en 1910 et devient caporal en 1911
Il est rappelé par la mobilisation générale d’août 1914 et sera tué à l’ennemi entre le 2 et le 8 juin 1915 au combat de La Harazée (Marne). Titulaire, d’après le portrait, de la Croix de Guerre et de la Médaille Militaire.
Il avait 26 ans.
Martial Adrien HURION, bûcheron, est né le 25 mai 1898 à Florent de Paul Henri HURION et de Adolphine Herminie TEINTURIER.
Il est incorporé le 19 avril 1917 au 124e puis au 164e Régiment d’Infanterie. Il disparaît le 20 juillet 1918 à la Montagne de Paris (Aisne), commune de Saconin. Il est inhumé à la nécropole nationale de Vauxbuin, carré D, tombe 810.
Il avait 20 ans.
Henri MULON, bûcheron, est né le 1er juillet 1895 à Florent de Nicolas Henri MULON et de Marie Catherine MULON. Engagé volontaire pour 4 ans le 6 septembre 1914 à la mairie de Troyes pour le 144e Régiment d’Infanterie, il passe au 170e Régiment d’Infanterie en juin 1915. Il est caporal en 1916 et disparaît le 4 mai 1917 près de Berméricourt (Marne).
Il avait 21 ans.
Clovis Léon MUSQUIN, bûcheron, est né le 20 juin 1892 à Florent de Jean Louis Edmond MUSQUIN et de Maria Léonie Augustine VERDESSON. Arrivé au 106e Régiment d’Infanterie le 10 octobre 1913, il est caporal le 12 avril 1914 puis sergent le 1er janvier 1915. Il est tué aux Eparges le 18 février 1915. Il avait 22 ans.
Charles Joseph ROBAT, fendeur, est né le 24 septembre 1875 à Florent de Marcien Jean Baptiste Xavier ROBAT et de Jeanne Marie Madeleine Ambroisine GUENANT.
Durant la guerre, il est affecté au 48e Régiment d’Infanterie Territoriale en novembre 1914, au 136e Régiment d’Infanterie en mai 1915 puis au 80e Régiment d’Infanterie Territorial. Il est tué à l’ennemi le 2 février 1916 au combat de Boesinghe, en Flandre Occidentale. « Soldat d’une belle bravoure », il est décoré de la Croix de Guerre avec étoile de bronze et de la Médaille Militaire à titre posthume. Il est inhumé à la nécropole nationale de N.D. de Lorette, tombe 7312. Il avait 40 ans.
Eugène Gustave ROUYER, terrassier, est né le 21 avril 1880 à Florent de Eugène Modeste ROUYER et de Clarisse Nicole DIDIER. Il est réformé temporairement en 1903, se marie en 1906 à Dommartin-la-Planchette avec Marie-Berthe RAULLIN et est rappelé lors de la mobilisation d’août 1914. Il est incorporé au 106e puis au 166e Régiment d’Infanterie et affecté dans les services auxiliaires suite à une blessure de guerre. Il est renvoyé dans ses foyers le 16 avril 1916. Il est décédé le 20 juillet 1918 à Fitz-James, canton de Clermont (Oise).
Il avait 38 ans.
Eugène Adrien SCHROËDER, forgeron, est né le 16 mars 1897 à Pontfaverger de Auguste Camille SCHROËDER et de Marie Emilienne PERROTEY. Il est incorporé à partir du 9 janvier 1916 au 166e Régiment d’Infanterie, puis au 164e, au 155e et passe au 49e Régiment d’Infanterie en février 1917. Il est tué sur le champ de bataille le 15 août 1917 au combat d’Aspach (Alsace). Il est inhumé dans le cimetière communal de Florent-en-Argonne. Il avait 20 ans.
Denis Roger TONDEUR est né le 1er juillet 1908 à Florent de Léopold Aristide TONDEUR et Marie Catherine CARRE. Il perdit la vie à Florent en voulant jouer avec une grenade. Il est décédé chez son père, rue du Puits Bauché le 23 avril 1919. Il avait 11 ans et demi.
Jean VIGOUROUX