En bas de la côte de la Grèverie, alors que les voitures royales, escortées par des centaines de patriotes, reviennent de Varennes, le comte de Dampierre s’approche imprudemment de la famille royale. Il est massacré par un groupe « d’enragés ». C’était le 22 juin 1791.
On peut imaginer, et aucun historien n’en parle, l’annonce de la nouvelle à la comtesse restée au château.
Aglaé de Ségur attendait sur le perron avec son fils et sa fille, âgés de 5 ans et 3 ans. Elle était seule avec les 10 gens qui œuvraient au château car le père du comte, Henri du Val, était décédé six ans plus tôt.
Qui est venu lui annoncer la nouvelle ? S’attendait-elle à ce que l’on ramène le corps de son mari au château ?
L’endroit où s’était passé le drame était sur le territoire de la commune de Chaudefontaine. Le corps, les restes du corps comme certains l’ont écrit, fut donc amené dans ce village pour y être inhumé dans le cimetière.
Le comte reposait loin de ses terres jusqu’à ce que son fils Philippe-Auguste vienne chercher la dépouille de son père pour l’emmener à Hans. Ce fils était général de brigade en 1825 et général de division en 1841.
Donc, le 18 octobre 1821, les restes du comte de Dampierre furent exhumés. Le cercueil de peuplier était pourri mais on put relever sur les ossements les traces du drame : fractures à la tête, à la mâchoire, au sternum, aux omoplates, aux côtes, les unes suite à des coups de fusil, les autres à cause des coups portés par les « enragés ». C’était sans nul doute le corps du malheureux.
Acte d’exhumation :

Les restes du comte furent mis dans un cercueil de peuplier et transportés le lendemain à Hans dans le caveau familial. Aujourd’hui le comte repose dans le chœur de l’église, à droite, sous une pierre tombale dont l’inscription commence à s’effacer.
Dans le chœur de l’église se trouvent, outre la tombe du comte, cinq autres pierres tombales : Marie Charlotte (décédée en 1742) dite « Haute et puissante », Jean Armand du Val (1743), Henri du Val (1620), un autre Henri du Val (1668), ainsi que d’autres membres de la maison de Hans, mais pas d’inscription du père du comte Henri du Val (1785) ou de la mère Marie-Claude Barbin (1755). Il n’y a pas non plus de dalle au nom du fils Philippe-Henri Auguste (1786-1856) ou du petit fils Maurice-Henri du Val (1823-1892), ce comte qui sera au XIXe siècle à l’initiative de la restauration de l’église.
Le terrain où s’était déroulée la tragédie fut par la suite racheté par la famille, par le fils de la victime, suivant [1] ou par la comtesse elle-même suivant un autre article. Et la comtesse abandonna la jouissance perpétuelle du terrain au bureau de bienfaisance de Chaudefontaine, ce qui fut plus tard l’occasion de procès [2]

In mémorium :
Ce meurtre n’est pas tombé dans les oubliettes de l’histoire et il y a eu même des célébrations…
Ce fut le cas en juin 1989, où les monarchistes vinrent célébrer la mémoire du comte de Dampierre. Organisée par « La France Monarchiste » et le mouvement « France et Royauté », la cérémonie réunissait une quinzaine de participants. Mais tout n’allait pas se passer en douceur…. Déjà la déception que la messe soit célébrée en français et non en latin. Puis le refus des descendants du comte que l’église soit décorée de drapeaux monarchistes et du front national.
Le cortège se rendit au bord de la route pour déposer une gerbe de fleurs blanches et bleues, les couleurs de la royauté, devant la stèle.

Puis Roland Mazeiraud, organisateur de la manifestation, concluait en déclarant :
« Nous avons voulu honorer ce gentilhomme qui a donné sa vie pour Dieu et pour le roi. Nous n’avons pas, en tant que chrétien, à approuver ces assassinats. A cause de ce sang versé, nous ne voulons pas fêter le bicentenaire de la Révolution. »
D’autres groupes venaient aussi, comme une association des monarchistes de Versailles. Depuis, rien…
John Jussy