Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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La page du sourire

Epée de Damoclès

   par François Mouton



Aussitôt après la deuxième guerre mondiale, alors que j’étais un jeune galopin (...au fait, pourquoi ce mot n’a-t-il pas de féminin ?... Comme si les filles échappaient au phénomène !... Ea y est, je les entends râler et me traiter de sale macho !! ) le patois argonnais était encore parlé par tous les anciens. La mère Garin (cf. Petit journal n°30), n’était pas un cas unique en son genre, et c’était un régal d’écouter les histoires de terroir, dans ce langage imagé, truffé de mots venus du Moyen-Age, avec toutefois quelques déformations locales, dues au fait qu’il s’agissait d’une langue strictement orale.
Aujourd’hui, quand j’ai l’occasion de rencontrer d’autres Argonnais de ma génération (...des galopins maintenant septuagénaires, voire un peu plus !...) on évoque quelques-unes de ces vieilles figures du Menou de notre enfance et c’est tout naturellement que les mots de patois nous reviennent : c’est toujours un bon moment.
Dans les années cinquante, dans un village de la région, une entreprise de maçonnerie (...surtout ne pas oublier la cédille !...) était venue faire quelques réparations dans l’église. Plutôt que de dresser un échafaudage encombrant dans l’entrée, les ouvriers avaient posé des planches sur les portes entr’ouvertes, afin de pouvoir réparer la partie située au-dessus du portail. C’était en été, il faisait beau et le travail avançait bien. A midi, les maçons s’installaient sur la place de l’église pour y casser la croûte. Survint un grand-père : « Alors, c’est l’heure de la soupe. Vous êtes mou bié tou là ! » [1] « C’est sur, on est mieux que dans les tranchées. » Réponse faite sans moquerie, car le sujet était délicat et il fallait ménager des susceptibilités par ailleurs bien compréhensibles !
Quelques minutes plus tard, un vacarme venu de l’église fit sursauter les dîneurs, qui se précipitèrent vers leur chantier, où il découvrirent l’Ancien assis sur le sol, la casquette de travers et l’œil un peu vitreux, qui, en écartant les portes pour entrer, avait reçu les planches sur la tête ! « Hou ! Qué maquée sur la hure ! Me v’la tout darne ! » [2] Heureusement, le vétéran avait la tête dure. Les ouvriers lui firent boire un « canon » et il put rentrer chez lui de pied ferme. Ne dit-on pas que les Gaulois, courageux au combat, n’avaient qu’une crainte : voir le ciel leur tomber sur la tête !

Notes

[1Alors, c’est l’heure du repas. Vous êtes rudement bien là !

[2Ho ! Quel coup sur la tête. Me voilà tout étourdi !

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