Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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La chapelle de l’hôpital : reconstruction, abandon, vente…

   par John Jussy




C’est le clocher de la chapelle de l’hôpital (enfin de l’ancien hôpital) que l’on voit en premier quand on entre dans notre cité en venant de Châlons. Sa construction tardive après le terrible incendie de 1719 était dépendante de la nouvelle rue Florion.
L’incendie de 1719 avait ravagé la ville et l’hospice, plus vieil hôpital de France. Il ne restait que quelques bâtiments bien endommagés et qui ne pouvaient pas être conservés.

On lit dans le livret « Etude historique sur l’hospice » :
« Pendant trois jours, la ville ne fut qu’un immense brasier ; des bâtiments de l’hôpital et de son église, il ne resta qu’une partie des murailles ; presque tout le mobilier fut détruit, et cet événement contribua, comme l’avaient déjà fait les guerres, à la disparition de documents. »
Mais dans l’hospice il y avait des malades et des pauvres gens. Beaucoup furent recueillis dans les quelques maisons (39 dit-on) épargnées par l’incendie ou renvoyés dans leurs familles, en leur donnant, a écrit Buirette (page 457, édition originale) : « à chacun, par mois, un boisseau un quart de froment. » D’autres, qui étaient restés dans quelques salles remises rapidement en état étaient dans un état désastreux :
Un emprunt de 1000 livres et un revenu des bois permit de remédier à ce malheur.

Dès 1725, sous la direction de l’ingénieur du roi Philippe de La Force, les reconstructions se succédèrent : le bel hôtel particulier (actuel musée), l’hôtel de ville, le pont de pierre, les grandes maisons… et pas l’Hôtel-Dieu.
Il fallait en effet attendre « les alignements déterminés par une ligne droite allant du pont de pierre à l’extrémité du haut de la côte », l’actuelle rue Florion.

Avant, dans l’ancienne ville, on sortait de la cité par la porte de Florion et on tournait dans l’ancien Milanais. Il y avait un enchevêtrement de maisons et des petites rues, dont la rue du Paradis, peut-être une rue qui se trouvait devant la salle de « dernière vie » !
Les ingénieurs redressèrent donc la route pour en faire une route royale ; les travaux commencèrent en 1735 et la butte du Château fut en partie détruite. On dit même, encore un exemple d’argent gaspillé, qu’une nouvelle porte fut bâtie à l’extrémité de la rue Florion (actuelle avenue Kellermann) mais démolie en 1746, 11 ans plus tard… Mais on dit également que les pierres de la porte Florion servirent à la reconstruction de l’hôpital.

Une nouvelle chapelle.
Pour l’Hôtel-Dieu, les années s’écoulaient ; plan et devis étaient faits mais il fallait attendre les autorisations. Enfin en juillet 1735, sa « Grandeur » l’évêque de Châlons autorisa le projet et les travaux commencèrent. Buirette dit qu’on posa la première pierre en 1742, le livret de l’hospice dit qu’en mai 1739, les toitures étaient terminées.

Il fallait cependant refaire la chapelle. Ne pouvant réparer l’ancienne église fortement ébranlée par l’incendie, voyant les nouvelles constructions et la grande rue percée, on décida de reconstruire une nouvelle chapelle ; la porte s’ouvrirait sur la nouvelle rue. La première pierre fut posée le 27 juillet 1746 suivant les plans de l’architecte Jacques Vauthier.

La chapelle fut terminée en 1748 et la réception des travaux eut lieu le 21 août. Le conseil de ville et le clergé se rendirent en procession à la chapelle.
Le livret « Etude historique de la chapelle » conclut :
« Ainsi, depuis l’heure fatale où l’hospice de Sainte-Ménehould disparaît dans l’incendie de 1719, jusqu’au jour où commence l’œuvre de réédification, il s’écoule dix-huit années ! Et à partir de ce moment il en faut onze encore pour rendre la Maison à ses commensaux et la chapelle au culte. »
Pourquoi un temps aussi long ? Le livret écrit :
"La marche lentement progressive de l’opération ferait supposer que la dureté de ces temps et la modicité des ressources financières en étaient les principaux obstacles.
Ajoutons à cela les mauvaises récoltes de 1726, les fonds presque dilapidés par l’abbé Lechartreux qui avait acheté des billets de Law et, déjà à l’époque, la lenteur administrative.
"

On peut se poser une question : qu’étaient devenus tous ceux que l’on avait renvoyés dans leurs familles ?
Depuis, la chapelle a traversé les temps de la Révolution Française, les guerres ; elle a vu quelques cérémonies religieuses, comme les obsèques des sœurs qui y œuvraient et le clocher fait le bonheur des photographes….
Aujourd’hui, quand les grandes aiguilles de l’horloge ne donnent au passant l’heure exacte que deux fois par journée, la chapelle et l’hôpital ont été vendus ; les bâtiments deviennent des logements, les vieux murs reprennent vie, la chapelle attend…

Note : livre : étude historique sur l’hospice de Sainte-Ménehould par Jules Lahirée, percepteur, J.L. Leroy, imprimeur, 1867.

John Jussy

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