Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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La page du sourire

QUE SONT DEVENUES LES CHAUFFERETTES ?



Ce fut par un jour froid et ensoleillé de décembre que je fis la connaissance de Madame B., une adorable grand-mère de soixante douze printemps. Elle m’avait mandé, le matin même, de passer la voir, ne se sentant pas bien. J’arrivais en fin de matinée dans ce petit village d’Argonne, dont l’entrée s’agrémente d’un étang dans lequel le soleil se mirait en jouant avec les rives givrées, dessinant de fins entrelacs de lumière irisée. Madame B. m’ouvrit sa porte et m’expliqua qu’elle avait « la bronchite » et souffrait du ventre. Je commençais mon examen et l’auscultais : « Rien de grave, lui dis-je, mais je vais vous examiner allongée. » Elle se dirigea vers l’alcôve dans sa cuisine, en tira le rideau, s’allongea et découvrit l’objet du délit. A peine avais-je posé les mains qu’elle s’écria : « que vos mains sont froides ! » et je lui répondis que j’étais obligé d’agir de la sorte pour les réchauffer et pour poser un diagnostic. L’ordonnance rédigée, elle me raccompagna jusqu’à sa porte, tout en me promettant de me tenir informé de l’évolution.

Quelques semaines plus tard, en février, elle m’appela de nouveau car elle était fébrile. Arrivé chez elle, je débutais l’examen en appliquant mes mains froides sur son dos, en lui faisant dire trente-trois, ainsi que nous l’avaient appris nos maîtres, pour juger de l’intensité de sa pneumopathie. L’auscultation révélait également de nombreux crépi tant en foyer. Je commençais ensuite la rédaction de l’ordonnance lorsque je la vis se diriger vers son alcôve, tirer le rideau, s’allonger et découvrir son abdomen. « Vous avez de nouveau des douleurs à ce niveau, comme en décembre ? » luis dis-je.« Non » me répondit-elle, « mais vous avez les mains toujours aussi froides et je pense qu’il vous faut les réchauffer ! »

Nous partîmes ensuite d’un grand éclat de rire. Depuis, à chaque fois que je lui rendais visite, elle me préparait un thé et une tranche de pain grillé enduite de miel de Passavant. « ça provient aussi d’un curé et c’est aussi bon pour la santé que la Jouvence d’un autre ecclésiastique ! » ajoutait-elle malicieusement. Ce devait être vrai, car elle vécut encore vingt ans.

Docteur Z.

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