Personne ne peut assurer comment le texte initial a été divulgué. Dans son livre « Jean Meslier l’enragé, prêtre athée et révolutionnaire sous Louis XIV », Marc Bredel explique que ni le Garde des Sceaux ni le Grand Vicaire de Reims n’avaient intérêt à diffuser ces pages. A l’époque, on prenait de grands risques à revendiquer son athéisme ou à prôner des théories révolutionnaires. Paradoxalement, les détenteurs ne détruisent pas les feuillets mais on peut penser qu’ils les gardent en un endroit secret. Y aurait-il eu un quatrième exemplaire qu’un jésuite dénommé Buffier, acquis aux idées modernes, aurait introduit dans les milieux philosophiques ?
L’hypothèse émise par Marc Bredel semble vague. Reste la piste qui passe par l’Argonne. La troisième copie a été en effet déposée au Greffe de Sainte Ménehould. On peut raisonnablement penser qu’un magistrat de cette institution ait voulu faire connaître le contenu du message de Jean Meslier. Techniquement, il n’a pas du être facile de recopier à la plume les trois cents pages originales, mais ce travail n’était pas impossible à un lettré aux idées anticléricales.
Quel a été l’itinéraire de cette troisième copie entre 1729, date de la mort de son auteur, et 1795, au moment où elle est déposée à la Bibliothèque Nationale ? Nul ne peut le tracer avec certitude, mais rien n’interdit de penser que les idées du prêtre athée aient pu être diffusées depuis Sainte Ménehould.
Une notoriété mondiale.
L’œuvre de Meslier a profondément marqué les philosophes du siècle des Lumières et aujourd’hui encore, certains anarchistes et communistes s’inspirent de ses théories. Son nom est gravé sur les murs du Kremlin au milieu de tous les penseurs matérialistes. Il apparaît aussi sur la plaque qui orne la mairie d’Etrepigny : Jean Meslier, précurseur du siècle des lumières. [3]