Le 7 octobre, le commandant allemand utilise un prisonnier américain pour demander la reddition du bataillon. WHITTLESEY ne donne pas suite (La lettre originale a été retrouvée dans le cabinet juridique de WHITTLESEY. Il semble bien que ce dernier n’ait pas eu à répondre aux injonctions allemandes dans la mesure ou le combat tournait à l’avantage des américains) et même détruit les panneaux blancs de signalisation qu’il utilise pour le repérage aérien allié, de peur que les Allemands les confondent avec des drapeaux de reddition. Petit à petit, l’étau se désserre et la défense ennemie faiblit. La seconde offensive de champagne de 1918 des troupes alliées avait commencé. Notamment, dès le 2 octobre, le 38ème Corps français de l’Armée Gouraud s’était emparé du nœud de voies ferrées de CHALLERANGE et la 1ère division de cavalerie à pied arrivait aux abords de VAUX LES MOURONS et d’AUTRY.
Des agents de liaison peuvent à nouveau passer et les survivants du bataillon réussissent à se dégager lors d’une contre attaque. Le 7 octobre 1918, 194 hommes sortent vivants ou blessés de la fournaise.
Fin octobre, le commandant WHITTLESEY nommé lieutenant-colonel regagne les Etats unis et est dégagé des obligations militaires le 5 décembre. Il se voit décerner le 6 décembre 1918 la médaille
d’honneur du congrès, récompense la plus élevée remise aux soldats américains.
Monsieur WHITTLESEY reprend ses activités juridiques. Reconnu comme un héros national, il fait des conférences sur l’histoire de son « bataillon perdu » et sur son expérience de la guerre. Homme d’une grande sensibilité, il n’oublie jamais ses compagnons de combat et défend leurs droits, eux qui ne bénéficient pas des mêmes égards que lui, mais qui ont beaucoup soufferts en Argonne.
Toutefois, en 1921, il sombre dans la dépression. Il y a plusieurs thèses pour expliquer la dépression de Charles WHITTLESEY. L’homme trop sensible n’a pas supporté de participer fréquemment à des témoignages de guerre. Certains pensent qu’il s’est senti coupable de ne pas avoir transmis les coordonnées précises de ses troupes entraînant ainsi des pertes supplémentaires liées au pilonnement de la zone par l’artillerie amie. Enfin, d’autres encore pensent qu’il a mal vécu sa reconnaissance par la nation de « héros » alors que ses hommes morts ou survivants méritaient le même statut.
Le 26 novembre 1921, il décide de mettre fin à ses jours, en sautant par-dessus bord, lors d’une croisière maritime vers Cuba. Il avait 37 ans.
Sources des informations :
- Belgian Aviation History Association.
- Centre d’information du corps expéditionnaire américain (The Great War Society)
- Revues d’histoire de la Première Guerre Mondiale.