On peut être poète et néanmoins gourmet ou gourmet et néanmoins poète. En voilà deux exemples : « La galette Lorraine » d’André THEURIET et « le pâté de lapin à la Champenoise » de Charles THIBAULT.
La galette Lorraine.
Le feu flambe au four, un feu clair
De ramaille et de brande
Et le pain chaud embaume l’air
De son odeur friande
"Payse, prends’sur le buffet
Le grand plateau de frêne
Et montre aux enfants comment on fait
La galette lorraine !
D’avance tout est préparé
Dans la huche entr’ouverte
Fleur de froment, beurre paré,
D’un lit de vigne verte,
Å’ufs frais pondus de ce matin,
Et crème virginale,
Sentant le fenouil et le thym
De la friche natale
La payse d’un doigt léger
Pétrit la pâte fine ;
Tout autour d’elle on voit neiger
De la fleur de farine
Les marmots au regard charmant,
Couleur de violette,
Parmi ce neigeux poudroiement
Contemplent la galette
|
|
N’épargne pas le beurre ! Encor,
Payse, à plein tranche !
Bats les œufs jaunes comme l’or
Avec la crème blanche,
« Puis lentement avec amour »
Etends-les sur la pâte
C’est parfait ! Maintenant au four,
Au four, et qu’on se hâte !
Toute chaude sur le bahut,
Savoureuse, alléchante,
Voici la galetteSalut,
Toi qu’on aime et qu’on chante
Du pays Messin au Barrois,
Des Vosges à l’Argonne,
Partout où le mâle patois
Des fiers lorrains résonne !
Qu’on nous apporte un vin du cru
A sève pétillante
Et trinquons ferme, arrosons dru
La galette bouillante.
|
André THEURIET, Å’uvres pour la jeunesse.