Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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La fuite à Varennes sur France 2.

De qui se moque-t-on ?

   par François Duboisy



---------Le mardi 25 février, sur France 2, était programmé un télé-film sous le titre prometteur « ce jour là, tout a changé », dans le cadre d’une série qui prétend mettre en image des moments importants de l’histoire de France. Et ce soir là, on devait évoquer la nuit du 21 juin 1791 où le roi Louis XVI, en fuite vers Stenay, était reconnu à Sainte-Ménehould et arrêté à Varennes. Il est vrai qu’il s’agit là d’un événement important qui a changé le cours de l’histoire.
---------Nombreux doivent être les amateurs d’histoire qui, devant leur poste attendaient avec fébrilité un grand moment d’histoire télévisuelle. La déception a été à la hauteur de leurs espérances. On ne sait pas par quel bout prendre ce document pour en dire tout le mal que l’on peut en penser. L’histoire est foulée au pied dans une œuvre d’une rare pauvreté, qui frôle bien souvent le ridicule.
---------Voyons d’abord les protagonistes. Le bon gros roi Louis XVI est transformé en un bel homme, presque svelte et séduisant. Lui si maladroit avec les femmes et en particulier la sienne qui attendit bien longtemps qu’il consente à la rendre femme, le voilà devenu un séducteur qui fait tourner la tête. Drouet, qui dépassait d’une demi-tête le roi, est devenu un petit homme rougeaud, vulgaire, peut-être aviné.Peut-on imaginer que ce personnage deviendra député et sous-préfet ?
---------Quant au peuple, réclamant Révolution, il est réduit à quelques braillards vulgaires, débraillés, haineux, la populace. Le beau, le séduisant est d’un côté, le laid et le vulgaire de l’autre.
---------Quant au grotesque, il atteint son paroxysme lorsque le roi se baigne littéralement dans le sang d’une bête tuée à la chasse pour oublier le penchant de son épouse pour Fersen. Les erreurs historiques sont nombreuses, on regroupe les leaders révolutionnaires dans un débat qui n’a jamais eu lieu, on évoque la guillotine à un moment où elle n’a pas encore cours [1], on fait partir Drouet sur ordre de Bayon, représentant l’assemblée, alors qu’il arrive 3 heures après son départ. En réalité, Drouet répond à une demande de la municipalité, consignée dans une délibération.
---------Et le reste est à l’avenant. Bien sûr, le manque de moyens est évident. On a fait tourner la voiture dans le parc d’un château, une fois dans un sens, une fois dans l’autre. La diversité des paysages est gommée, les relais de poste, même ceux des villes, sont implantés dans des environnements bucoliques. Le drame, comme disent certains, est devenu opérette.
---------D’où vient le mal ? La 2 a choisi comme conseiller un bien célèbre et honoré historien. Jean Christian Petitfils a une vision bien particulière de Louis XVI, qui est bien loin de faire l’unanimité parmi ses confrères reconnus comme spécialistes de cette période (Ozouf, Tacket) et n’adoptant pas une position aussi partisane. Il est vrai que depuis quelques temps on observe un mouvement révisionniste qui tente de brouiller les cartes pour donner à Louis XVI et à son action politique des vertus qui n’étaient pas les leurs.

Notes

[1La guillotine que l’on dit, mais c’est contesté, avoir été inventée à la demande de Louis XVI, fut utilisée pour la première fois le 25 avril 1792.

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