Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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L’ARGONNE AU BRITISH MUSEUM DE LONDRES

   par Luc Delemotte



---------Le visiteur qui pénètre dans l’imposant bâtiment du British Museum de Londres peut s’attendre à des surprises. L’établissement regorge de richesses archéologiques en provenance des cinq continents de la planète. Les collections prestigieuses sont exposées dans de vastes salles où le curieux cherche, et trouve, d’importantes pièces, parmi lesquelles la fameuse pierre de Rosette, qui permit au Français CHAMPOLION de déchiffrer les hiéroglyphes. Ce savant n’est pas le seul Français à être honoré en ce haut lieu de la culture internationale. Toute une partie d’une salle, dévolue aux antiquités de l’âge de fer en Europe, est consacrée à la collection de Léon MOREL.
---------Nul n’est prophète en son pays et peu de Marnais se souviennent de ce personnage, né le 7 mars 1828 à Brabant-le-Roy (Meuse). Il s’installa à Somsois (Marne) en 1862, en tant que percepteur. Léon MOREL occupa ce poste pendant sept ans, avant d’être muté à Pleurs, dans les environs de Sézanne, puis à Courtisols. Promu receveur dans la Drôme, le Vaucluse et les Vosges, il revint à Vitry-le-François en 1888 avant de se retirer, quatre ans plus tard, à Reims, où il mourut le 20 février 1909, à l’âge de quatre-vingt un ans.
---------Ce n’est certainement pas la carrière administrative de Léon MOREL, si exemplaire soit-elle, qui retient l’attention. Son inclination vers l’archéologie a fait de lui, si ce n’est le meilleur spécialiste de son temps, au moins un grand découvreur de sites. Sa profession lui permettait d’être tenu au courant rapidement des trouvailles dues au hasard et de pouvoir se rendre sur les lieux au plus tôt, pour y mener des fouilles sérieuses et scientifiques. Son collègue de Suippes, le percepteur Edouard FOURDRIGNIER, fut aussi un chercheur actif.
---------Léon MOREL devint Vice-Président de l’Académie Nationale de Reims et on lui doit, entre autres, « La Champagne souterraine. Matériaux et documents ou résultats de trente cinq années de fouilles archéologiques dans la Marne » publié en 1898. MOREL a mené des recherches partout où on l’appelait. Il a pu dresser une liste des sites et des objets qui y ont été découverts. Parmi les lieux cités, on trouve, entre autres villages Somme-Tourbe, Somme-Bionne.
---------Quand l’archéologue se retira au 3 rue de Sedan à Reims, en 1892, il installa sa collection dans son logement. Ces découvertes firent l’objet d’expositions et de publications de catalogues. Léon MOREL aurait souhaité vendre ses pièces à un Musée Français, mais ce fut Charles Hercules READ qui, au nom du British Museum, acquit, en 1901, les antiquités de l’âge de fer et de la période mérovingienne : bijoux, armes, pièces métalliques de véhicules, outils, poteries, etc
---------Cette collection est si riche en informations que récemment, deux chercheurs britanniques (I.M. STEAD et V. RIGBY) ont édité un épais volume relatant l’histoire de ces travaux, très illustré et fortement documenté : « The MOREL Collection : Iron Age Antiquities from Champagne in the British Museum » a été édité en 1999.
---------Si la Champagne en général et l’Argonne en particulier sont représentées à Londres, c’est grâce à ce percepteur, archéologue amateur mais averti. C’est justice de lui rendre hommage par ce petit article.

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