1914-1915 - Argonne
Le 12 septembre, le 51ème, avant-garde de la Division, est à Possesse ; le 163, à Sainte-Ménehould et Verrières ; le 14, à la Harazée et Vienne-le-Château.
Le 15 septembre, les Allemands font tête, se cramponnent aux halliers touffus de l’Argonne, et résistent énergiquement. Alors commence une lutte longue, incessante, âpre et meurtrière que le Régiment va soutenir pendant quatre mois.
Il serait trop long pour ce petit historique, de détailler toutes les attaques faites pendant cette période ; il faut, malheureusement, se borner à rappeler qu’en ce début de la guerre des tranchées, nulle part ailleurs la lutte ne fut plus dure que dans ces forêts où dorment tant de braves du 51ème.
Les meilleures troupes de Metz seront bientôt opposées au Régiment ; les tranchées adverses sont très rapprochées ; l’acharnement est égal des deux côtés ; les grenades, les pétards, les mines ne tardent pas à faire leur apparition.
Il semble que la valeur particulière du 51ème soit confirmée là, que les qualités de bravoure, d’endurance, de ténacité, de combativité qu’il a montrées dans cette dure épreuve l’aient tout particulièrement désigné pour entrer dans la voie des hautes luttes qu’il soutiendra plus tard.
Pendant cette période, il faudra citer cependant :
Le 21 septembre, l’attaque sur Servon,
Le 21 octobre, l’attaque allemande sur la 4ème compagnie,
Le 2 novembre, l’attaque allemande sur le bataillon Hayot (1er),
Les 8 et 10 novembre, les attaques si meurtrières de la cote 176,
Les attaques des 23 novembre, 1er, 8, 9, 10, 21, 22, 23, 31 décembre et du 5 janvier que les Allemands dirigent sur nos tranchées.
Mais à aucun moment ils ne peuvent rompre notre front ni venir à bout de la ténacité du Régiment, nullement ébranlée par les pertes subies. Celles-ci furent lourdes : 12 officiers tués Lieutenant-Colonel AGEL, Capitaines LATTY, PARMENTIER, BAYOL, DELTHEIL, Lieutenants GOIN, MARTIGNY, Sous-Lieutenants SINET, TABARY, DUFOURMENTEL, DELARTHE et DOURLENS ; 25 officiers blessés : Commandant LAPRUN, Capitaines BOUCHARD, MAZIN, ROLLAND, FEHNER, de VILLENAUT, Lieutenants de PERETTI, HENRY, DUTHEIS, Sous-Lieutenants PIGEASSOU, BALLEYGUIER, BERTRAND, DUCHENOIS, GORET, GUILLEREY, BARRIER, MARTINELLI, DOUMAX, BRESCH, LOMBARD, JACQUET, LEVASSEUR, MARX, BLANCHET, MERCIER [1] ; deux officiers disparus : Lieutenant MAYENCE, Sous-Lieutenant MORTIER ; 317 tués, 1.570 blessés, 577 disparus.
Les actes de bravoure, de dévouement sont tellement nombreux qu’il est impossible de les mentionner. Citons cependant :
Le soldat JUMELLE, agent de liaison à la 8ème Compagnie, qui, blessé de deux balles à la cuisse en transmettant un ordre au cours d’une attaque, se traîne jusqu’à son commandant de Compagnie, rend compte : « Ordre transmis, mon Lieutenant », et demande l’autorisation d’aller se faire panser.
Le soldat CARRON, de la 8ème Compagnie, qui, le premier, ramasse une bombe ennemie prête à éclater et la rejette dans la tranchée adverse, geste vite consacré, et dont le soldat TUTOY, de la même Compagnie, se fait une spécialité.
En octobre, le Commandant GIRARDON prend le commandement du 3ème Bataillon, en remplacement du Commandant MAYER-SAMUEL, évacué pour maladie.
Après la mort du Lieutenant-Colonel AGEL, le Commandant GIRARDON prend le commandement du Régiment jusqu’à l’arrivée du Colonel BRION (25 novembre 1914).
Le Commandant ZEIL prend le commandement du 2ème Bataillon, en remplacement du Commandant LAPRUN, blessé.
1915
---------Relevé le 12 janvier, le 51ème va cantonner à Passavant. Le 13 janvier, il est à Laheycourt et Argicourt où il se repose jusqu’au 7 février. Repos mérité s’il en fut.
La vue du premier civil, de la première botte de paille, du premier pain blanc, déchaîna des exclamations enthousiastes. Pendant quatre mois d’Argonne, le 51ème avait oublié qu’il existait en d’autres lieux autre chose que la boue, la souffrance et la mort.
Le 8 février, le Régiment vient cantonner à Herpont et Dommartin-sur-Yèvre. Il y reste jusqu’au 19, s’entraînant pour de nouveaux combats. Le Haut Commandement, sûr de sa valeur, va lui confier l’essai redoutable de crever le front ennemi, mission que le 51ème mènera à bien, avec sa ténacité habituelle, après des combats acharnés.
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