Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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PERSONNAGES CELEBRES

UNE HEROINE BRETONNE ARGONNAISE :

Le Sous-Lieutenant « Veuve BRULON »



---------De même que nous avons cité le général MAYRAN comme enfant d’adoption de l’Argonne, de même nous nous reprocherions de ne pas donner la biographie d’un héros féminin, Madame Veuve BRULON, née Angélique DUCHEMIN, de Dinan (Côtes-du-Nord), qui devint Argonnaise de par son mariage, en 1789, avec le caporal André BRULON, natif de La Neuville-au-Pont. Celui-ci, beau et solide gars, autant que brave et hardi, fut tué à Ajaccio, deux ans après son mariage, laissant une veuve éplorée et un enfant tout à fait en bas âge.
---------Madame veuve BRULON prit aussitôt une résolution extraordinaire. Le lendemain même des obsèques de son mari, habillée en soldat, elle se présenta au capitaine de feu son époux en lui disant : « Je viens remplacer mon homme, vous n’aurez pas de soldat plus fidèle et plus soumis ». On la cru folle, mais on ne voulut pas contrarier ce que l’on prenait pour une manie passagère. On la laissa agir à sa guise. Elle prit aussitôt place dans le rang. Dès lors, la veuve BRULON se signala par son héroïque bravoure. Ce texte, de ses états de service, emprunté aux registres matricules et aux pièces déposées au Ministère de la Guerre, constitue, à ce sujet, dans son laconisme même, le plus éloquent des documents :
---------« Campagnes : 1792, 1793 et 1794, Corse. 1795, armée d’Italie.
---------Blessures : coup de sabre au bras droit et coupe de stylet au bras gauche, à l’affaire du fort de Gesco, le 24 mai 1794.
---------Eclat de bombe à la jambe gauche, au siège de Calvi, en 1794.
---------Actions d’éclat : à l’affaire de Lumio (Corse), commandant un poste avancé de 22 hommes, Angélique-Marie-Josèphe DUCHEMIN, veuve BRULON, fit une défense héroïque.
---------Quoique blessée, le 24 mai 1794 au fort Gesco, elle partit, à minuit, pour Calvi, à travers les assaillants. Par son zèle et son courage, elle fit lever et chargea de munitions une soixantaine de femmes, faute d’hommes. Elle parvint à les amener jusqu’aux défenseurs du fort Gesco, ce qui permit de conserver ce dernier et de repousser les Anglais.
---------A donné, dans les occasions les plus périlleuses, des preuves d’intrépidité et de dévouement pendant le siège de Calvi, notamment dans une sortie où elle fit le coup de feu avec les tirailleurs, s’avançant toujours pour tirer de plus près, bien qu’une balle eut traversé son bonnet de police, et aussi à la défense d’un bastion où, faisant fonction de sergent, elle manoeuvrait une pièce de siège.
---------A sauvé la vie au capitaine - devenu général - de Vedel, menacé dans une rixe en ville, en se précipitant dans la foule et en désarmant un Corse prêt à le frapper ».
---------Obligée de quitter l’armée, à cause de ses blessures, après la campagne d’Italie, la veuve BRULON fut admise aux Invalides avec le grade de sergent, après avoir été réformée avec solde provisoire. Elle n’avait alors que 26 ans, sa fille en avait neuf. On l’occupa comme garde-magasin. Son passé, son exemplaire conduite, attirèrent sur sa personne la bienveillante attention des divers gouverneurs. Le 2 octobre 1822, le roi Louis XVIII lui conféra le grade de sous-lieutenant honoraire, sur la proposition du général de Latour-Maubourg. Plus tard, le 15 août 1851, le prince Napoléon la décora de la Légion d’honneur. Enfin, le 4 octobre 1857, elle reçut la médaille de Sainte-Hélène.
---------La veuve BRULON avait l’aspect, écrit Albert Blanquet, qui la visita aux Invalides, dans les dernières années de sa vie, « d’un petit vieillard doux et souriant, aux yeux vifs, à la main prompte et franche, mais certaine particularité ne laissait guère douter de son sexe ; le vieux sous-lieutenant tricotait ! »
---------Elle s’est éteinte en 1859, à l’âge de 87 ans et 6 mois, faisant un vide de plus, sous la coupole dorée, parmi les vieux braves et les héroïques survivants d’une époque glorieuse où s’illustra dans le monde entier le fier drapeau de la France.


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