---------La famine frappa notre région durant l’hiver 1693-1694, comme le reste de la France. Cette « grande famine » entraîna une augmentation importante de la mortalité. Buirette, dans son histoire de la ville de Sainte-Ménehould, note : « Pendant les années 1692 et suivantes, le froment [1] et les autres denrées de première nécessité se vendirent un prix très élevé, auquel le pauvre ne pouvait atteindre et on avait même beaucoup de peine à s’en procurer. La ville ayant fait venir à grand frais du blé pour le distribuer gratuitement aux pauvres, s’endetta de nouveau. Elle obtint un arrêté du conseil, autorisant de couper soixante six arpents [2] de son quart en réserve, pour payer le prix des grains qui avaient servi à la subsistance des pauvres ».
---------Dans les villages aux ressources plus précaires, à l’organisation administrative plus floue, la famine faisait des ravages encore plus sévères. En témoigne la note du curé de Verrières sur le registre paroissial que nous a communiquée notre abonné, Denis MARQUET :
---------« Cette année a été la plus fâcheuse et la plus difficile à passer, à cause de la disette qu’on n’avait vue ni remarquée depuis plus de cent ans, les pauvres n’ayant pu avoir du froment parce que le boisseau [3] a valu cinq livres. De Sainte-Ménehould, ils ont reçu l’orge à trois livres le boisseau. Les plus malheureux et ceux de Beaulieu allaient à ladite ville acheter du son ou du gru dont ils faisaient du pain. On faisait cuire des orties avec un peu de sel et, disait-on, que cela tenait plus longtemps la faim arrêtée. L’invention fut faite à Vienne-la-Ville. De plus, cette année a été la quatrième de suite que les vignes de Sainte-Ménehould, de Chaudefontaine et de La Neuville-au-Pont ont été gelées, ce qui a ruiné, avec la guerre qui dure depuis huit ans entre toute l’Europe, à l’occasion du Roi Jacques d’Angleterre, détrôné pour sa religion catholique par son gendre le prince d’Orange [4]. »

Copie du registre paroissial