---------Elle existe depuis fort longtemps, certainement déjà bien avant la révolution de 1789. La mémoire qui en demeure est un registre répertoriant les adhérents, cotisant depuis 1857 jusqu’en 1972, mais rappelant, depuis 1811, celui qui, chaque année, a reçu le croûton de pain béni, c’est-à-dire celui qui, l’année suivante, devait fournir le pain béni pour la messe de Saint Eloi, le 1er décembre : il serait distribué à la messe, après bénédiction, partagé ensuite en réunion amicale avec les confrères et consoeurs. Supprimée de 1790 à 1811, elle n’a pu se réorganiser qu’à cette date.
---------Ainsi, autrefois, depuis le Moyen Age, les différentes professions étaient placées sous la protection d’un Saint-Patron. Le plus souvent, il avait exercé ou honoré d’une manière ou d’une autre, le métier considéré : ainsi, Saint Fiacre, patron des jardiniers, fleuristes ; ou Saint Vincent, patron des vignerons
---------La vie de Saint Eloi est bien connue : forgeron devenu orfèvre, pieux, dévoué pour ses contemporains, il fut choisi comme évêque de Noyon puis Ministre de Dagobert. Il fut reconnu comme patron des orfèvres et des forgerons ; au cours des temps, s’y sont retrouvés les métiers proches des métaux, du fer surtout : fers de charronnage, fers de charrue, fers à cheval.
---------Dans les régions comme la nôtre (ce n’est pas le cas dans toute la France) tous les métiers s’approchant du cheval ont rejoint la confrérie de Saint Eloi : voituriers, selliers, bourreliers, postiers, messagers, cultivateurs, marchands de chevaux, commerçants et professions libérales utilisant des chevaux pour transports et déplacements La liste peut être longue D’autres, comme les aubergistes, cotisants mentionnés dans les listes ménéhildiennes, parce qu’ils recevaient, à tour de rôle, à la sortie de la messe, les confrères, pour trinquer, partager la brioche (pain béni), prendre certaines décisions, désigner entre autres le récipiendaire du croûton.
---------En parcourant notre registre mémoire, nous y relevons, outre les porteurs du croûton de 1811 à 1938 (depuis c’est la confrérie qui, à partir des cotisations offre le pain béni) la liste des cotisants de 1857 à 1972. Depuis, la confrérie, toujours fidèle à Saint Eloi, essaie de donner un nouveau contenu à la confrérie Nous y reviendrons en conclusion. Nous trouvons encore les comptes annuels et la relation d’un certain nombre d’évènements et de décisions prises par le bureau ou l’assemblée des confrères.
---------A titre d’exemple, nous relevons, en 1857 : 85 confrères cotisants avec 28 activités déclarées, dont : 30 professionnels des métaux (8 serruriers, 5 ferblantiers, 2 orfèvres, 4 maréchaux ferrants, 5 charrons, 2 marchands de fers, 1 quincailler, 1 mécanicien, 1 coutelier, 1 horloger) 35 dans les métiers proches du cheval (5 postiers messagers, 7 voituriers, 3 bourreliers, 2 selliers, 9 cultivateurs, 2 vétérinaires, 7 marchands “ chevaux, bois, vins). S’ajoutaient 8 aubergistes, 4 bouchers, 4 propriétaires, 1 docteur, 1 huissier, 1 brasseur, 1 coquetier.
---------Au delà de la liste des cotisants, les comptes de 1857 :
---------Recettes : en caisse au 1-12 :10f. 72 cotisations reçues ce jour 36f. 6 cotisations (retard 1856) 3f. La quête de ce jour 4f90 (quête faite par le trésorier au cours de la messe). TOTAL : 53f90
---------Dépenses : la messe : 40f. Messe d’obit, pour M. Lecerf 1f (décédé dans l’année). Les sonneurs, pour boire 1f50. Achat du présent recueil 3f.
TOTAL : 45f50 reste en caisse : 8f40
---------Pour l’année 1857, une dernière précision : le croûton a été donné à Monsieur CREMMER, serrurier.
---------Une particularité des messes de Saint Eloi, maintenues jusqu’il y a peu de temps, lorsque les chevaux assuraient l’essentiel de la traction : les cultivateurs, mais aussi les divers propriétaires de chevaux apportaient une corbeille d’avoine parsemée de petits pains (en nombre égal au nombre de chevaux possédés). Cette corbeille était bénie par le prêtre, en même temps que le pain et distribuée, après la cérémonie aux chevaux, par chaque charretier ou conducteur de chevaux.
---------Toujours en parcourant notre vénérable registre, nous découvrons une délibération prise le 1er décembre 1892 : constatant l’absence de statue de Saint Eloi dans l’église paroissiale, il est décidé d’en acheter une, en prenant sur les réserves de la confrérie déposées sur le livret de caisse d’épargne ; elle sera confiée à l’église paroissiale, mais demeurera la propriété de la confrérie. Suit l’énumération des sommes engagées :
---------Facture Cauchois, marchand de fers 170f. Facture Thuvignon, peintre 70f. Transport et bénédiction 2f. TOTAL : 242f