Description de l’église.
L’édifice élevé par l’architecte Collin était composé, extérieurement, d’une longue et mince nef de sept travées avec deux bas-côtés, d’un transept et d’une abside à plan carré. Le clocher était disposé sur la croisée du transept. L’escalier d’accès au comble était logé dans une tourelle accolée au bras sud.
Cette disposition générale sera reproduite quelques années plus tard par Collin pour l’église de Cheppes-la-Prairie (1860-1861).
A l’intérieur, la nef centrale était rythmée par de grandes arcades en tiers-point dont les profils et les piliers étaient en tous points semblables à ceux conçus par Collin pour l’église de Poix. Cette nef était couverte d’un plafond rampant en carène renversée, avec charpente apparente, peut-être inspiré du plafond de l’église Saint-Jean de Châlons. Les bas-côtés étaient sans doute couverts par des plafonds rampants droits épousant la pente des toits, comme à Cheppes-la-Prairie. Ce goût pour les plafonds rampants est un trait particulier à Collin ; il n’est pas sans rappeler l’architecture victorienne. Cette nef dépouillée est décrite avec sensibilité par Edmond Welsche : « L’intérieur était simplement beau sans multiplicité de lignes, ni complications d’ornements ; l’œil embrassait l’ensemble d’un seul coup ; l’esprit s’y trouvait à l’aise ; le recueillement y était facile ».
La croisée, le transept et l’abside, plus bas que la nef, étaient voûtés d’ogives. Le style de référence de cette partie de l’édifice était plus tardif que celui des nefs. Cette disposition, qu’on retrouve aussi à Cheppes-la-Prairie (1860-1861), rappelle également l’église Saint-Jean de Châlons. La tour de croisée était d’un bel aspect ; elle semble avoir été inspirée de celle de l’église de Loisy-sur-Marne. L’ensemble était sommé d’une flèche aiguë et pittoresque, similaire à celles des églises de Grandpré ou Mareuil-le-Port.
Les bras du transept étaient aménagés en chapelles : au sud se trouvait la chapelle Saint-Etienne, dont l’autel en bois, sans doute réemployé de l’église précédente, était peint en faux marbre ; au nord était la chapelle Notre-Dame de La Salette ; son autel, qui s’adornait de deux scènes de l’apparition, était naturellement surmonté d’une statue de la Vierge de La Salette. Diverses statues modernes décoraient l’intérieur : un Sacré-Cœur, saint Etienne, saint Joseph, sainte Catherine, sainte Agathe, saint Nicolas, saint Eloi, saint Roch et une vierge de Lourdes, (cette dernière photo est nettement visible sur les photographies anciennes).
Conclusion.
L’ancienne église de Binarville était le plus important lieu de culte construit sous la direction de Remy Eugène Collin, mais on peut encore voir les quatre autres églises néo-gothiques entièrement édifiées par lui à Soulanges (1856-1861), Cheppes la Prairie (1860-1861), Moussy (1863-1867) et Vieil-Dampierre (1859-1861).
SOURCES
Arch. Marne, 2 O 551.
Welsche (Edmond), « L’église de Binarville », Semaine religieuse de Châlons, n°47, vendredi 21 novembre 1919, p. 562-564.
« Bénédiction de cloche à Binarville », Semaine religieuse de Châlons, n°40, vendredi 7 octobre 1921, p. 478-479.
« Les cloches de Servon et Binarville », Semaine Religieuse de Châlons, vendredi 15 juin 1923, p. 284-285.
« Coopérative des églises dévastées », Semaine Religieuse de Châlons, n°18, vendredi 6 mai 1927, p. 211.
Compte-rendu de bénédiction de la première pierre de la nouvelle église de Binarville, Semaine Religieuse de Châlons, n°27, vendredi 8 juillet 1927, p. 319-320.
Annonce de la bénédiction de la nouvelle église de Binarville, Semaine Religieuse de Châlons, n°18, vendredi 3 mai 1929, p. 207.
Welsche (Edmond), « Inauguration de l’église de Binarville et baptême des cloches », Semaine Religieuse de Châlons, n°20, vendredi 17 mai 1929, p. 235-329.
Allgemeiner Kunster Lexikon, article Collin (Eugène, Rémy).
Pour aller plus loin : plusieurs articles sont parus en 2001, 2002, 2004, 2006 et 2008 sur l’architecture dans la Marne au 19ème siècle dans les Mémoires de la SACSAM (devenus Etudes Marnaises).