Les premières réglementations
Rendues indispensables par tous les abus, elles sont apparues par voie d’ordonnances royales à partir du 14°siècle et étaient censées s’appliquer à toutes les forêts du royaume. On y voit apparaître les premières notions de sylviculture et un embryon de réglementation avec la naissance de la « Maîtrise des Eaux et Forêts », ancêtre de l’O.N.F.
Mais c’est à une ordonnance de Colbert, au 17°siècle, que l’on doit la réglementation et la modernisation de la gestion forestière. Il y est prescrit, entre autre, de ne couper les taillis qu’au moins tous les 10 ans et, afin de favoriser les arbres de haute futaie, de mettre en réserve un quart de la forêt qui ne pourra être vendu que pour payer des dépenses exceptionnelles et autorisées par lettre patente du roi. En outre, les collectivités durent nommer et payer des gardes.
« Au mois de novembre 1692, la ville mit pour la première fois un quart de sa forêt en réserve. Ce quart, nous dit Charles Buirette, était de 293 arpents, ce qui suppose qu’à cette époque, ces bois contenaient 1172 arpents, soit 598 ha y compris la réserve ».
La forêt bienfaitrice
La ville a vu ainsi son capital « forêt » prendre de plus en plus de valeur au fil des siècles.
Elle avait bien besoin du produit de ses bois ! Celui des ventes extraordinaires du quart en réserve ou celui des coupes habituelles lui ont permis de parer à tous les sinistres qu’elle subissait et aux dépenses importantes auxquelles elle devait faire face.
Ainsi, en 1372, avec le produit de la vente du bois de quelques arpents, elle a fait paver les rues qui devenaient bourbeuses par temps de pluie.
Plus insolite : en 1543, il fallut réparer les fortifications. « On fouilla alors la forêt pour en extraire des grès [7] dont plusieurs murs furent revêtus ».
En 1578, après l’incendie du quartier Florion et de St Pierre, « les habitants obtinrent de couper les bois de haute futaie. On en distribua une partie en nature aux victimes de l’incendie. L’autre partie fut vendue et le prix leur en fut distribué, ce qui les mit à même de rétablir leurs maisons ».
1699, 1709 : années de disette et de froid extrême. La ville obtient l’autorisation de couper plusieurs arpents du quart en réserve ainsi que les 1806 chênes gelés des bois communaux. L’argent de la vente servit à payer les grains achetés.
1723, 1726 : suite au grand incendie de 1719, les incendiés ne pouvant pas parvenir à reconstruire leur maison, une nouvelle demande d’autorisation fut acceptée de couper 191 arpents du quart en réserve. Le Roi autorisa encore de nouvelles coupes pour être délivrées en nature.
1789 : disette de céréales. La vente ordinaire des bois permit d’acheter des grains qui furent revendus à bas prix aux indigents
1704,1714,1725 : on élargit les chemins en essartant [8]. et coupant les bois en bordure. On dut même changer un chemin qui se trouvait dans une gorge pour le faire passer un peu plus haut en adoucissant la pente, le rendant plus découvert et moins redoutable.
En effet, si la forêt a été, dans les temps de grandes épidémies ou d’invasions, un refuge pour la population, certains endroits, alentour de la côte de Biesme en particulier, étaient de vrais coupe-gorge, refuges de bandits redoutés des voyageurs craignant les vols et même les assassinats.
1792 : Pour tenter d’enrayer l’avancée des armées coalisées,« on fit des abattis dans la côte de Biesme : des canons furent portés à la force des bras sur les coteaux et mamelons de la forêt. On plaça aussi des batteries sur le côté et sur le haut de la grande route. [9]
Cet endroit resté célèbre, est appelé encore aujourd’hui « L’Affût des canons »
La forêt communale contemporaine.
En 1790, l’Assemblée Nationale a décidé que la gestion des forêts communales serait confiée aux communes, sous le contrôle des forestiers des « Eaux et Forêts ». C’est toujours le cas aujourd’hui. L’Office National des Forêts« , l’O.N.F., qui a succédé aux »Eaux et Forêts" le 23 décembre 1964, assure la gestion de la forêt communale dans le respect du régime forestier.
L’obligation du « quart en réserve », quant à lui, a disparu dans les années 1960.
La révolution industrielle, dans la seconde moitié du 19°siècle, avec en particulier l’utilisation du charbon, a transformé les besoins. Les droits d’usage se sont peu à peu éteints, avant d’être complètement supprimés.
Des documents d’aménagement de la forêt ont fait leur apparition. Ils décrivent la gestion à appliquer à la forêt en vue d’obtenir une production ligneuse qui réponde aux besoins du moment. Le taillis sous futaie qui fait la part du bois de feu et des arbres de haute futaie a eu longtemps la préférence, puis à partir de 1974, la futaie régulière lui a succédé, en vue de n’obtenir que des grumes de qualité. Un réseau de routes et de chemins a été créé, rendant la forêt accessible, telle qu’on la connaît aujourd’hui.
Actuellement, les recettes issues de la vente des bois communaux et du droit de chasse sont intégrées au budget de la commune.