Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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Le neuvillois Jean Dez, Jésuite (1643-1712).

   par Jean-Claude Léger



          Seltz fut incendié par les dragons du Roi le 18 avril 1674. L’église et aussi l’hôtel de ville devinrent la proie des flammes. Les murs extérieurs du sanctuaire restèrent debout ce qui permit une restauration en 1683. Les exactions continuèrent, au cours de l’hiver 1684, un dimanche matin, des jésuites menés par le recteur Jean Dez et des dragons du baron d’Asfeld font irruption pendant un culte réformé. Ils forcent les personnes présentes à se convertir au catholicisme. Soixante-dix chefs de famille abjurent le protestantisme, mais trente refusent. Ils sont brutalisés et jetés dans les eaux du Seltzbach. Dix se noient. Le 6 août 1684 a lieu une cérémonie pour la conversion de Seltz au catholicisme et la consécration de l’église suite à sa restauration effectuée au cours de l’année précédente, (en présence des nouveaux convertis de 9 villages de l’actuel canton de Seltz, de l’intendant d’Alsace Jacques de La Grange et du recteur jésuite Jean Dez). Le 15 août 1685 l’armistice de Ratisbonne stipule que l’Alsace doit rester à la France. Les événements vont vite en France et le 18 octobre 1685, en son château de Fontainebleau, le roi Louis XIV révoque totalement l’Edit de tolérance signé à Nantes par son grand-père Henry IV le 30 avril 1598. Jean Dez passe à Strasbourg, où le Roi et le cardinal de Fürstembourg l’employèrent à l’établissement d’un collège royal, d’un séminaire épiscopal et d’une université catholique qu’ils confièrent à la direction des jésuites français. Il sera le premier supérieur du séminaire, il se signala en une infinité d’occasions par son zèle, sa prudence et sa capacité.
          Il suivit par ordre du Roi le Dauphin dans ses campagnes d’Allemagne et de Flandres, en qualité de confesseur. Il gagna la confiance de ce prince qui par la suite ne cessa jamais de lui donner des marques particulières de son estime.
          Jean Dez est passé par les premières charges de la Compagnie de Jésus. Son supérieur général est qualifié par les médias de « pape noir » en raison de son influence au sein de l’Eglise, et de la couleur de son habituel habit noir, par opposition à la soutane blanche du pape. Le supérieur général choisit le supérieur provincial de chaque province géographique, Jean Dez fut Provincial de son ordre : en Champagne de 1691 à 1694, de 1701 à 1704 et de 1708 à 1711 ; en Flandre Vallone de 1695 à 1698 puis à Paris en la province de France de 1698 à 1701. Le Provincial reçoit le pouvoir, du père Général, de faire imprimer des livres composés par les membres de sa Compagnie. Il se rendit deux fois à Rome pour assister à des congrégations générales. Lors de ces deux voyages, les papes Innocent XII et Clément XI l’honorèrent de quelques audiences particulières.
          Fénelon (1651-1715), homme d’église et écrivain, avait commencé par des missions en Saintonge pour la conversion des protestants, il deviendra par la suite archevêque de Cambrai. Il écrira dans une lettre en date du 10 janvier 1710 au père Houdry « je vous supplie de vouloir bien me faire la grâce de dire au P. Dez, quand vous le verrez que je l’honore toujours de tout mon cœur ». Ceci pour l’action continuelle de Jean Dez à vouloir éradiquer le protestantisme, mais peut-être aussi pour un écrit en faveur de Fénelon concernant son livre « Explication des maximes des saints ». Le pape Innocent XII avait condamné ce livre dans un bref du 12 mars 1699.
          Selon Niceron, la dernière action de Jean Dez fut une harangue qu’il prononça en qualité de recteur de l’université de Strasbourg, devant le cardinal de Rohan qui y faisait son entrée. Le lendemain il fut pris d’une colique néphrétique et mourut trois jours après, le 12 septembre 1712, âgé de près de 70 ans. Mes recherches aux archives départementales de Strasbourg ont été infructueuses pour trouver son acte de décès. Il est utile de préciser que la rédaction des actes était faite en latin et que Strasbourg comptait à cette époque 7 paroisses catholiques.
           Les ouvrages que l’on a de lui sont :
- 1 « La réunion des protestans de Strasbourg à l’Eglise Romaine, également nécessaire pour leur salut et facile selon leurs principes » Strasbourg 1687 in-8°.
          Cet ouvrage auquel la brièveté et sa précision n’ôtent rien de la clarté de l’élocution, ni de la solidité des preuves selon Niceron religieux barnabite.
- 2 « La foy des chrétiens et des catholiques justifiée contre les déistes, les juifs, les mahométans, les sociniens et les autres hérétiques » Paris 1714 in-8°. A la tête de ce dernier ouvrage son éloge par le père Ignace de Laubrussel natif de Verdun. (Ouvrage où l’on réduit la foi à ses véritables principes et où l’on montre qu’elle est toujours conforme à la raison.)

Sources :
« Le Père Houdry, prédication et pénitence » par Marie-Christine Varachaud.
« Découvrir Seltz patrimoine » par J.L. Vonau.
« Histoire de La Neuville au Pont », J.C. Léger Editions D. Guéniot juin 2006.


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