Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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Le Musée qui fait parler.

   par François Duboisy



          Passant devant le futur Musée, j’ai surpris deux amis, Messieurs Romarin et Château, bravant le froid, en grande discussion très animée. Je m’approchai et sans prendre part à la conversation (impartialité oblige), je notai les propos de l’échange :

          M. Romarin : Alors, il paraît que le musée ouvre cette année ? L’an dernier, ils ont dit « l’année prochaine ». Remarquez, ça fait des années qu’ils disent « l’an prochain ». Ea me rappelle l’histoire « demain on rase gratis ». Voulez-vous que je vous la raconte ?
          M. Château : Non, non, ça va, tout le monde la connaît !
          M. Ro : Toujours est-il que le retard sur les prévisions données au départ est de plusieurs années. Qui avait la responsabilité du chantier, on ne sait pas. Y avait-il un pilote dans l’avion ?
          M. Châ : La critique est facile.
          M. Ro : Oui, on connaît celle-là aussi.
          M. Châ : Il s’agit là d’un chantier difficile. La restauration d’un immeuble ancien réserve toujours de mauvaises surprises que l’on ne peut prévoir, si vous me permettez un pléonasme. Qui va lentement va sûrement. L’objectif premier et je dirais le seul objectif est de faire une restauration de qualité. Mieux vaut réfléchir et soigner le travail. Et ceux qui ont visité le bâtiment en voie d’achèvement reconnaissent que les artisans qui ont contribué à cette restauration ont fait un excellent travail. Ce bâtiment fera la fierté de la ville, tout le monde en convient, même les mauvaises langues, dont vous êtes.
          M. Ro : Voilà, c’est de l’autosatisfaction. On ne pouvait pas faire mieux, on ne pouvait pas aller plus vite. A Menou, on est parfait.
          M. Châ : A ma connaissance, dans toutes les villes, quelles que soit leur couleur politique, les restaurations de ce type ont connu les mêmes aléas. Mais vous verrez, le jour de l’ouverture, vous applaudirez des deux mains.
          M. Ro : Par contre, je suis certain que je n’applaudirai pas des deux mains en ce qui concerne le contenu du musée.
          M. Châ : Encore et toujours la critique ?
          M. Ro : Ecoutez, qu’attendions-nous d’un musée à Sainte-Ménehould ? Que demandent les visiteurs de la cité ? Que l’on présente l’histoire de la ville. Et cette histoire, que de richesses recèle-t-elle ! Toutes les périodes de l’histoire de France pourraient être évoquées d’une façon originale : les sièges avec Vauban, la Révolution avec Drouet, la première Guerre mondiale avec tous les personnages illustres qui ont séjourné à Menou. Et puis la monnaie, l’imprimerie, les visites des rois et des deux empereurs, les cuirassiers. J’arrête là l’énumération qui peut-être interminable tant notre ville, ville frontière, a un passé historique incomparable. Alors, tout cela à la trappe, c’est un péché.
          M. Châ : Un péché, vous y allez fort !
          M. Ro : Si, un péché par omission.
          M. Châ : Gardez votre calme. Bien des éléments que vous évoquez seront présents là. La démarche du conservateur a été présentée en réunion publique et en conseil municipal. Les gens intéressés pouvaient s’y rendre. En fait, les richesses du musée seront données à voir d’une façon originale et plaisante, avec une organisation thématique qui vaut bien la vieille habitude chronologique. On a le droit de surprendre. Le conservateur a des idées qui ne sont pas les vôtres et croyez bien qu’il sait s’entourer d’avis d’autorités compétentes. Vous avez vu le beau coup qu’il a réalisé avec les peintures de Mauperché, acquises dans d’excellentes conditions.
          M. Ro : J’en conviens, même si ces peintures, un peu tristounettes, n’ont aucun rapport, ni avec la ville, ni avec l’édifice, car peintes avant son édification.
          M. Châ : Vous en revenez toujours à l’Argonne. En résumé, vous reprochez au conservateur de ne pas être un local comme l’étaient avant lui Messieurs Mourlet, Renard, Lavallée.
          M. Ro : Non, je lui reproche surtout un certain parti pris illustré par les polémiques sur Drouet et les dégradations des sculptures du Château. Serait-il royaliste ?
          M. Châ : Quand bien même, ce n’est pas un délit. Arrêtez vos attaques personnelles. Je pressens que le musée sera original.
          M. Ro : Ea, pour être original, il sera original. Il paraît qu’on évoquera l’époque où la ville était anglaise. Les passionnés d’histoire locale, qui savent de quoi il retourne, rient sous cape.
          M. Châ : Pour moi, cette histoire anglaise, c’est de l’hébreux.
          M. Ro : Attention de ne pas vous faire traiter d’antisémite.
          M. Châ : Qui ne fait rien ne s’expose pas à la critique. La ville a eu le courage de prendre en charge cette restauration, de la mener à bien, de salarier un conservateur compétent qui saura vous étonner et peut-être même vous plaire. Attendez avant de juger.
          M. Ro : On verra ça l’année prochaine, comme on dit.
          M. Châ : Non, cette année.
          M. Ro : Et vous, qu’en pensez-vous Monsieur Duboisy ?
          F. Duboisy : Je serais plutôt de l’avis de Monsieur Romarin, tout en disant que Monsieur Château n’a pas entièrement tort.
          M. Ro : Eh bien, quoi, vous êtes normand ?

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