Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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Autour don fu.



- Regarde un pau, quan n’i don cinéma les gens ni vomme et quan n’a ni point, i en vouri. “ Mi, si j’étou jeune noumé, j’verrou à tourtou ! “ A mi çà me ferou avouar la tournisse. “ Mi j’aim’ mieux l’théatre ! “ Oh ! mais ti tu passerou tout ton temps à aller vouar tourtoute ces gaudrioles. “ Mais mi j’aim’ bié les chouses qui instruisons pusqu’on n’pu jamais les vouar en réalité.
- Pens’ aco qu’da no vilaches, si ni avou un incendie, tourtou l’pays ari l’temps d’brûler, ni jamais d’réunion d’pompiers, çà fallotré bié l’temp qu’i s’mettri en route. “ C’n’me pourtant la même chouse partout, n’i des vilaches dou çà marche bié ; les pompiers sont bées comme des gardes républiqains, et pi l’hiver y faison un piot banquet et s’amusons bié. “ Mais d’quoi qu’tu t’mêl, vieill’ drôle ! “ Bié sur c’est la vérité, da mou tan on s’amousou bié, on allai’ asann’ au pays voisin et pi on allai dansié la nutié ; anue y s’c’reiou malin et hochon l’derrié avo leu cha, cha, cha, n’i aco un nouveau truc, le hup ! hup ! hop ! hop ! qui dansons avo des cercées. “ C’n’m’ pou danser, c’est pou maigri ! “ En v’là aco une boun’ ; - Mais ti t’é tout plein au courant, c’est t’i qu’çà démange aco un pau ? - Tu l’ée dit j’aimou bié m’amusier, mais ceuma raisonnablema. Ah ! les bounes promnad’s, les bounes veillies au coin don fu !!!
- J’ma va, v’là les afants qui sortont d’l’ecole. A la r’wayure.

Autour du feu

- Oh Noémie, il fait froid, je suis gelée ; je viens un peu parler avec toi. Il fait toujours bon chez toi. “ Mais toi, Adèle, tu as toujours un vrai feu de femme veuve. Tu as bien peur de brûler ton bois qui coûte si cher. “ Mais non, ma fois, mais mon bois est toujours mouillé et il ne brûle pas bien. Quand il n’y a plus d’homme à la maison et qu’il faut se faire aider, ça ne va pas. Et avec toutes les machines qu’ils ont maintenant ils n’ont pas le temps. Que ce soit le menuisier, le cordonnier ou bien les autres, ils disent toujours oui. Oh ! ces gens là, ils sont toujours d’accord avec vous, mais un an après on les attend toujours. Pourtant on ne demande pas mieux que de payer. Les gens disent : « C’est le siècle de la vitesse ! »
- Ah ! mais dis-moi, Noémie, ça sent bon chez toi ! dans ton pot ! - Oh ! vieille maligne, tu sens bien. Il y a un peu de lard maigre que j’ai coupé assez gros. Comme ça, j’en aurai encore pour le petit déjeuner. Maintenant, ils n’y connaissent plus rien. Ils font des petits plats et ils se plaindront que leur foie est malade. Toi aussi, tu es aussi dure pour les autres que pour toi. Si tu avais des aigreurs et des crampes d’estomac, tu en ferais de belles et tu te plaindrais bien !
- on n’a pas vu l’Angélique, elle doit être partie aider sa bru. “ Si c’était moi, je n’irai pas. Sa bru lui casse du sucre sur le dos sans arrêt. Quand il faut garder les enfants, sa bru lui dit : « Quand est-ce que vous viendrez pour ça ? »
- Si tous les gens étaient aussi méchants que toi, ils n’auraient plus de cheveux sur le caillou, ils seraient tous chauves. Et pourtant, on a bien besoin les uns des autres
- Atchoum !... “ Adèle, tu vas t’enrhumer ! On va prendre une petite goutte ou un brûlot pour tuer les microbes. Avec tous leurs médicaments, leurs pastilles et puis encore leurs piqûres !! Ils ont dit qu’à l’Augustine on lui en a tellement fait qu’elle a la fesse comme une passette. La pauvre, elle est encore bien dans cette maison là. Tiens, qui c’est celui-là qui passe ? Regarde, mais c’est notre maire ! “ Mais, ils sont toujours par monts et par vaux - Tu crois, c’est bien facile à dire. Si tu voyais les papiers qu’il y a aujourd’hui. Tiens ! quand j’ai eu ma retraite, que de mal pour démêler tous les papiers. Heureusement qu’il était là. Il y en a eu des feuilles à remplir et des grandes ! Et il a fallu qu’il relise deux ou trois fois pour voir ce qu’il fallait répondre.
- Faut bien qu’il se débrouille pour les autres. Il y a bien les conseillers, par devant, ils ne disent rien, mais par derrière, ils disent - Tu as beau faire, on ne fait rien !... “ Mais puisqu’ils sont si malins, ils n’ont qu’à prendre la place. On verra bien. “ C’est bien vrai ! Ce n’est pas facile aujourd’hui mais ils pourraient peut-être en faire autant. “ Tais-toi donc ! La commune, le gouvernement, la France, il faudrait tout donner mais la commune, le gouvernement, la France, c’est tous les gens. Maintenant on ne veut plus ni se gêner, ni se dévouer pour la société. Toi la première ! “ Oh ! Noémie, tu y vas fort. En voilà assez avec tes grands mots. Encore un peu et tu m’insulterais ! “ Tu as raison Adèle, la vie en société devient de plus en plus difficile. Si seulement on en mettait un peu du sien, ne croyez pas que ça irait plus mal !
- La vie est si drôle aujourd’hui. Quelle vie ! Quelle vie ! Il y en a qui se plaignent toujours enviant le bonheur des autres sans connaître leurs soucis. L’envie, la jalousie, pourrit tout et en jalousant on ne voit pas son bonheur. Nous les pauvres vieux, on n’a pas été choyés comme les jeunes d’aujourd’hui. “ Tu as raison, Adèle, plus nous en avons, plus nous en voulons. Mais ils veulent quand ça leur plait et encore mieux quand ça les arrange. Avec ça c’est la mort de nos villages qu’on a bien du mal à tenir. Et les villes attirent la jeunesse.

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