1814 : L’Europe s’est soulevée contre la France. Napoléon a perdu la bataille de Leipzig et les troupes étrangères envahissent la France. L’armée napoléonienne va défendre le sol français et Drouet va se trouver dans la tourmente.
Après toutes ses aventures, qui, de Varennes l’entraînèrent en Moravie et aux Canaries, il est nommé sous-préfet de Sainte-Ménehould le 9 novembre 1799, fonction qu’il conservera jusqu’en 1814. Cette année-là, il va délaisser ses fonctions administratives pour se consacrer à la défense du pays. Il va déléguer ses pouvoirs de sous-préfet à son secrétaire M. Noël puis, lorsque celui-ci sera malade, au Maire de Noirlieu, M. Martin, avec l’accord du préfet bien évidemment.
Drouet va s’efforcer de faire partager son enthousiasme aux troupes qu’il lève. Il demande aux habitants de l’Argonne de prendre les armes, au besoin, disait-il, armez-vous de bâtons ferrés.
Il va se trouver sur des terres qu’il connaît car, en 1792, il avait déjà organisé la défense des « Thermopyles de la France », fermant la route à l’envahisseur dans la côte de Biesme.
Dans l’abondante documentation concernant Drouet qu’a réunie Raymond Charles, on trouve une lettre que Drouet envoie au Préfet pour rendre compte de sa mission. Comme toutes les lettres qu’il échange avec son préfet, elle est riche en enseignements. « L’écriture rappelle celle des écrivains du grand siècle, menue mais ferme, élégante et distinguée ; le style en est sobre, alerte, concis, exempt des fadeurs et des redondances si communes au début du 19ème siècle. Cette lettre, écrite du premier jet, ne présente presque pas de ratures ; l’orthographe, enfin, est d’une correction bien rare à cette époque » [1].
Comme on est loin de la caricature véhiculée par certains historiens d’un homme frustre et inculte !
Le document nous renseigne sur l’avancement des troupes prussiennes et sur certains traits du caractère de Drouet (pour lui, un sou est un sou).
Lettre de Drouet.
Les Islettes, Meuse, le 28 janvier. (1814)
En conséquence des ordres que j’ai reçus du général commandant en chef de la levée en masse du Département de la marne, je me suis porté à la côte de Biesme avec deux cents hommes d’infanterie et une pièce de canon, aujourd’hui à 3 heures du matin et j’ai ensuite pris position en avant des Islettes, village situé au-delà du ruisseau de la Biesme, qui sert de limite aux deux départements de la marne et de la meuse. J’ai la satisfaction de vous annoncer que les hommes composant la compagnie franche de mon arrondissement, officiers et soldats sont animés d’un excellent esprit. (Suite après la reproduction d’une partie de la lettre.)