Né le 14 mars 1920 à Givry en Argonne, il est issu d’une famille de cheminots : père chef de canton à la SNCF, mère garde-barrière, frères ajusteurs au dépôt de Revigny. Il choisit pourtant une autre voie : le 1er février 1934, il entre à la Société « Energie Electrique de Meuse et Marne ».
Après 25 ans de travail à Givry, il rejoint le district de Sainte-Ménehould en 1959. Il est alors chef d’équipe, et son entreprise s’appelle désormais Electricité de France, EDF. Il prend sa retraite le 31mars 1975.
Musicien, il jouait du saxophone et a fait partie tout jeune de la fanfare de Givry, plus tard de celle de l’Aiglonne. Ajoutons un don certain pour le dessin, particulièrement la caricature et un autre pour le bricolage auquel parait-il, il excellait.
De « Meuse et Marne » à EDF, petite rétrospective...électrique.
Depuis le début du 20ème siècle, l’Argonne s’est électrifiée peu à peu. Quelques anciens moulins dotés d’une chute convenable ont été équipés en petites usines hydro-électriques [1]. A partir des années 1920, l’électrification a été réalisée systématiquement par quelques entreprises de distribution [2], notamment, La Rurale Ardennaise et les Ardennes électriques dans le nord : Vouziers, Grandpré, Le Chesne, Force et lumière d’Argonne (FLA) pour la partie centrale : Clermont en Argonne, Sainte-Ménehould, Ville sur Tourbe, et l’Energie Electrique de Meuse et Marne [3] (EEMM) pour Givry, Triaucourt, Revigny.
En 1927, un contrat d’achat et de vente de courant est passé entre FLA et EEMM. Leurs groupes hydrauliques, interconnectés, ravitaillaient un poste de liaison installé à Sainte-Ménehould, au lieu-dit, « Mon Idée, » d’où partaient les différentes lignes alimentant le district.
Malgré cela, la production de courant était faible et inégale. Les lignes électriques, portées par des poteaux en bois étaient fragiles, à la merci d’intempéries de toutes sortes : orage, coup de vent, neige, gel
Faute de tronçonneuses, les arbres n’étaient pas élagués convenablement, les branches tombaient sur les lignes au moindre coup de vent, entraînant de nombreuses coupures de courant.
Le dépannage des abonnés était une priorité, de jour comme de nuit, par tous les temps et 365 jours par an, dans des conditions souvent éprouvantes.
Peu de temps après la fin de la guerre, alors que tout était à reconstruire, le gouvernement, dans une vision de service public, a proposé la nationalisation des 1450 entreprises françaises du secteur de l’énergie, dont Meuse et Marne. La loi a été votée par l’Assemblée Nationale le 8 avril 1946, créant du même coup une grande entreprise publique, Electricité de France, EDF, dotée d’un modèle social innovant. [4]
La modernisation de la production, du transport, de la distribution de l’électricité, ainsi que celle des conditions de travail des salariés est en marche...
René Delaval raconte...
Il a mis à profit sa retraite pour consigner par écrit les évènements les plus marquants de sa longue carrière. Au travers de nombreuses anecdotes [5], il a retracé avec humour les difficultés, les aventures diverses mais aussi les bons moments qui ont émaillé ces 41 années. C’est un témoignage irremplaçable sur ce métier pénible et dangereux dans lequel les dépannages tiennent beaucoup de place.
« Trop jeune pour être apprenti -il me manque un mois et demi- je fais fonction de magasinier au district de Givry en Argonne..
. ...Après quelques semaines, je suis « affecté » au monteur Roger Vuillaume, c’est lui qui m’apprendra le métier sur le tas.
Nous nous déplaçons à vélo [6] avec nos outils et le matériel.
Pour être embauché à Meuse et Marne, il faut avoir ses outils et sa bicyclette. La société ne fournissait que les ceintures de sécurité, les grimpettes [7], le matériel de levage des supports et les perches isolantes pour couper le courant en moyenne tension. »