Le nom de Péridon est toujours bien présent dans la capitale de l’Argonne, et bien au delà. On le doit en priorité à Jean Péridon.
Il est né à Branvillier, dans la Meuse, le 19 juin 1917. Il se marie bien jeune à une demoiselle Gilon des Islettes, fille du « tabac », comme on le disait alors. Deux enfants, Yvan et Jean Claude, sont vite là ! Mais survient la guerre. Jean est fait prisonnier et ne sera libéré qu’en 1945. Il retrouve alors son épouse, institutrice au Claon, et bénéficie d’une formation offerte aux prisonniers de guerre. Il en ressort opticien. Il crée alors un magasin rue Chanzy, près du passage de la souricière, seul magasin d’optique de la région. La conjoncture est favorable et les affaires prospèrent. Il ouvre ensuite successivement des succursales à Vouziers, Châlons sur Marne, Verdun, Stenay, Epernay, Bar le Duc, Saint Dizier et en 1977 la société « Péridon et fils » voit le jour, société qui garde pignon sur rue à Menou, même si elle a dû composer avec le géant Alain Afflelou. Le petit-fils, Jean lui aussi, réside dans la maison familiale et veille aux destinées de la société.
Jean ne fut pas qu’un commerçant et chef d’entreprise avisé, ce fut un citoyen actif. C’est peut-être au contact de son épouse qu’il s’était forgé une personnalité qui pouvait étonner : c’était un fervent laïc, impliqué dans la vie locale en harmonie avec ses convictions.
Défenseur de l’école publique, il sera fait officier des palmes académiques pour récompenser son action de délégué départemental de l’éducation nationale. Il fut même président de la délégation locale, poste que j’occupe actuellement.
Son efficacité en matière économique lui assurera une reconnaissance de ses pairs et il collectionna les responsabilités : Président de l’UMCI (Union Ménéhildienne Commerce et Industrie), Président du service médical interprofessionnel du Nord meusien, membre de la Chambre de commerce de Châlons sur Marne, juge au tribunal de commerce.
Il avait, avant la guerre, pratiqué le cyclisme, aussi on ne sera pas étonné de le retrouver Président du club local, l’Etoile cycliste.
C’était donc un « grand bourgeois ménéhildien », mais une personnalité atypique car ne fréquentant pas l’église et ne cachant pas ses idées socialistes, ce qui le marginalisait quelque peu. Cela lui a interdit toute carrière politique, à son grand regret. Chacun reconnaissant qu’il aurait fait un très bon Maire, qu’il était en quelque sorte le double de gauche de Robert Lancelot, même compétence, même sérieux, même réussite. Mais lorsqu’il fallait mettre un bulletin dans l’urne, le bulletin Péridon n’était pas à la mode. Les gens de droite lui reprochaient d’être de gauche et ceux de gauche de vivre tout comme un bourgeois de droite. Aussi, il connut d’étonnantes défaites aux élections municipales de 1953, 1959, 1965 et 1977 et à la cantonale de1967.
Peut-être pensait-on que la cohabitation de deux fortes personnalités, qui ne passaient pas pour être très onctueuses, dans un même conseil n’était pas souhaitable.
Il n’en reste pas moins que Jean Péridon a su marquer d’une façon jusqu’ici indélébile la vie de la cité.