Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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Les fours à pain.

   par Nicole Gérardot



En proposant de recenser les fours à pain de notre région, j’étais sûre de pouvoir en présenter au moins un que je connais : le four à bois de Bellefontaine. Connaissez-vous Bellefontaine ? C’est un hameau dépendant de la commune de Futeau, dans la Meuse, situé au creux de collines verdoyantes au milieu de la forêt d’Argonne.
Ce four à bois est la propriété de Michel Clo. Travaillant à Reims, M. Clo venait randonner en Argonne et tomba amoureux de notre région. Une maison était à vendre dans le hameau, il l’acheta. Voilà comment commence l’histoire du « four au bois ». C’est ainsi que Michel Clo appelle l’ensemble de sa propriété.
A l’achat, tout était en mauvais état. Il a d’abord restauré l’intérieur de cette ancienne maison de verriers, le four à bois, puis la grange dans laquelle il a installé trois chambres d’hôte. Le tout, situé dans un grand parc, est vraiment magnifique.
Mais revenons aux fours à pain et à leur histoire. Les peintures des tombes égyptiennes en attestent l’existence dans la boulangerie des pharaons. Le pain levé s’imposa comme aliment dans toute l’Egypte. Il était nourriture sacrée et représentait l’offrande des Vivants au dieu funéraire Anubis. Ces fours avaient la forme d’un cône tronqué. Ils se remplissaient par le haut.
Ce premier four, créé il ya environ 4000 ans, a ouvert la voie à un autre type de four, construit en voûte. Ce four s’appelle aujourd’hui four romain, son invention est cependant attribuée aux Grecs. Le feu était allumé dans la chambre de cuisson. Les braises en étaient retirées pour y enfourner le pain. Le progrès fut considérable et ce savoir-faire se dispersa dans tout le bassin méditerranéen puis en Europe pour donner le four à bois utilisé jusqu’au siècle dernier. Les matériaux de fabrication variaient suivant les régions : molasse, grès, argile, limon, et bien sûr briques. Celles-ci étant appréciées pour leurs qualités réfractaires et la résistance à l’usure.
Au Moyen Age, le four fut, comme les moulins, les pressoirs et les scieries, un moyen pour les seigneurs et les évêchés de collecter des impôts et des amendes. C’est l’origine du « four banal ». Tous les villages disposaient d’un four à bois. C’était le fournier qui avait en charge son utilisation. Les jours de cuisson, les villageois lui apportaient à tour de rôle leurs pains à cuire.
Sous le règne de Saint Louis, au XIIIème siècle, les fourniers des villes reçurent le titre de boulangers. Les pains étaient ronds, en forme de boules, d’où leur nom. A cette même époque, les « pâtissiers » prirent en charge la cuisson au four des pâtés, des terrines, tous les mets qui ne cuisaient pas dans l’âtre.
La révolution française, en abolissant les privilèges, supprima également le monopole de la cuisson du pain. Dans certaines régions, le four resta communal ; ailleurs, des fours de taille plus modeste furent construits dans chaque demeure jusqu’à la guerre de 1914. Tout ceci s’est éteint avec l’arrivée des moyens de locomotion.
Compagnon de toujours, le four était assimilé à l’âme de la maison. Dans certaines contrées, la gueule du four sortait directement dans le fond de la cheminée de la cuisine et le reste de la maçonnerie était inclus dans un petit appendice accolé à la maison. Ce dernier s’appelait « le cul du four ». Parfois, le four était installé dans la pièce contiguë à la cuisine : la « chambre à four ». Les plus anciens d’entre nous se souviennent de cette pièce sombre qui ne servait plus que de rangement mais qu’on continuait à appeler la « chambre à four ». Ailleurs, le four était construit dans une maisonnette, souvent près d’une fontaine.


Le four à Pain de Michel Clo est construit ainsi dans une maisonnette.

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