Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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La rubrique de Jeannine CAPPY

Le temps des cerises ...

   par Florence Cariou, Jeannine Cappy



Dans les villages voisins, comme les Islettes, où il n’y avait pas de cerisiers, la vente directe était pratiquée : une voiture chargée de fruits faisait « la tournée ». Pendant la période 1940-44, des étés exceptionnels ont favorisé de magnifiques récoltes, très appréciées en ces temps de pénurie.
Vers les années cinquante, les cueilleurs se sont faits rares. La plupart d’entre eux étaient bûcherons : l’hiver au bois, l’été travailleurs saisonniers. Et quand les usines se sont installées dans la région, ils ont préféré un travail moins pénible. Les vieux arbres n’ont plus été remplacés et le remembrement a finalement sonné le glas du commerce des cerises. Il ne reste actuellement que peu de cerisiers à La Grange-aux-Bois et les anciennes variétés locales, comme la petite cerise noire ou la guinette, ont disparu.
A la mi mai, quand la guinette commençait à mûrir, arrivait la fête patronale du village, le jour de Sainte Jeanne d’Arc (alors que le vrai patron est Saint Grégoire !). Il était de tradition, ce jour là, de confectionner dans chaque famille, des tartes garnies de cerises aigres, mises en conserve l’année précédente.
En 1972, sous l’impulsion de deux Grangeois, Messieurs MOREAU et JACQUIER, cette coutume s’est transformée en « fête de la cerise », telle qu’on la connaît actuellement, avec ses chars fleuris, ses animations diverses, et ... ses tartes aux cerises, vendues aux nombreux visiteurs.
Impossible de clore cette petite rubrique sans évoquer l’inoubliable « temps des cerises » de J.B. CLEMENT. Cette romance, tendre et mélancolique, reste attachée au souvenir de la « Commune » de 1871, bien qu’elle ait été écrite cinq ans auparavant. Cette Commune, dont on oublie trop souvent qu’elle est née du refus du peuple Parisien d’accepter l’armistice signé par THIERS et l’entrée des troupes prussiennes dans Paris, aurait-elle été aussi l’inspiratrice de l’homme qui a dit « non », le 18 juin 1940 ?
Régal gastronomique, symbole historique - subversif ! - avouez que la cerise est un fruit vraiment extraordinaire.

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Les souvenirs Grangeois ont été recueillis auprès de Janine et Marcel LEHEBEL.

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Pour terminer, « le Petit Journal » ne résiste pas au plaisir de vous communiquer le texte savoureux d’une petite vacancière :

La cueillette des cerises


Lorsque nous allions, en été, chez mes grand-parents CHAUFFERT, à La Grange-aux-Bois, ma période préférée était le mois de juillet : c’est l’époque de la cueillette des cerises.
J’avais alors treize - quatorze ans et mon plus grand plaisir était d’accompagner aux champs ma mère et mon oncle Jean-Claude. Nous commencions par charger la remorque avec les cageots et les paniers munis de leur crochet, puis nous attelions les grandes échelles de bois révisées chaque année par mon grand-père et les étançons.
Embellissement des souvenirs d’enfance, toujours est-il que le temps était superbe et la rosée abondante. Etant plus légère, j’avais souvent droit à l’échelle placée en bout de branche flottante, d’accès difficile. Et il fallait toute la persuasion de mon oncle, placé en contre poids au pied de mon échelle, pour me faire grimper quelques barreaux supplémentaires : « vas-y, tu peux encore monter, tu ne risques rien, regarde ! tu en as quelques belles sur ta droite ! ... »
Au bout d’une « paire » d’heures, les premières douleurs sous la plante des pieds se faisaient sentir, surtout qu’en parfaite petite vacancière, je n’étais chaussée que de claquettes ! Mais quel plaisir de contempler, le rubis étincelant des cageots sagement alignés au pied de l’arbre !
Lorsque le champ n’était pas trop loin de leur maison, mon grand-père nous rejoignait cahin-caha, en s’aidant de sa canne, pour contrôler le travail de ses troupes ; et gare à celui qui ramenait des feuilles ou des briguets entiers dans son panier ! Alors des fois, on trichait un peu, en accrochant dans les ramures, avant de redescendre, quelques briguets de feuilles malencontreusement cueillis.

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