
Henri IV, le bon roi Henri, fit un jour halte à Sainte-Ménehould au cours duquel il se rendait à Metz ; la reine Marie de Médicis l’accompagnait Quel honneur !Toute la bourgeoisie en armes, la compagnie des Arquebusiers, celle de la jeunesse à cheval, allèrent attendre le roi au bout du faubourg. Le premier échevin Dorigny, accompagné du corps municipal, présenta les clefs de la ville au bon roi.
Henri IV logea avec la reine à l’Hôtel de ville [1] et resta deux jours dans la cité. Les habitants au comble de la joie supplièrent sa majesté de lui servir de garde du corps pendant son séjour.
« Je suis au milieu de sujets très fidèles, dit le roi aux seigneurs un peu jaloux, un jour ils consigneront dans leurs archives qu’ils ont gardé le roi »
Les chevau-légers [2] et les gendarmes qui composaient l’escorte allèrent loger dans les villages les plus proches, Verrières et Chaudefontaine.
C’était en 1603. Puis le roi dut partir et on l’accompagna avec les mêmes honneurs qu’à l’arrivée jusqu’en haut de la côte des Chalaides [3].
Le cortège royal allait tranquillement vers Clermont Ah ! le bon roi aimé de ses sujets Mais voilà que, près du pont de Biesme, le souverain aperçut plusieurs gentilshommes verriers [4] qui attendaient sur le bord de la route et qui voulaient profiter du passage du roi pour lui présenter des « placets », c’est à dire des demandes écrites pour obtenir une faveur.
"Mais qui sont ces gens qui sortent de la forêt, demanda Henri IV ?
- Ce sont des souffleurs de bouteilles, répondit le postillon qui conduisait la voiture.
- Eh bien, continua le roi, qu’ils soufflent au derrière de tes chevaux pour les faire aller plus vite"
Voilà ce que raconta longtemps la tradition populaire. Mais, à ce que dit l’historien Buirette, ces paroles seraient celles d’un officier, et non celles du roi Ah ! le bon peuple qui aime s’amuser et se moquer des souverains ou aujourd’hui des présidents. N’empêche que tout cela va bien avec l’image de bon vivant que l’on se fait d’Henri IV.
La vérité, c’est que la voiture ne s’arrêta pas. Mais que l’on se rassure, les verriers réussirent, ce jour là, à faire parvenir leurs doléances au roi qui leur accorda peu après ce qu’ils demandaient.
Reste à savoir si souffler au cul des chevaux les fait avancer plus vite
Sources : Buirette, « Histoire de la ville de Sainte-Ménehould » page 238 (R 232)
Notes
[1] L’hôtel de ville était alors en centre ville, à l’emplacement de la place d’Austerlitz.
[2] Un chevau-léger était un soldat d’un corps de cavalerie légère.
[3] C’est à dire la côte des Vertes-Voyes, la seule route de l’époque pour aller en Lorraine.
[4] A cette époque, la vallée de la Biesme était une région industrielle, avec en particulier les verreries.