Le « pied dans le plat » de l’Union du 23 octobre rappelait le souvenir d’un militaire glorieux de la Révolution enterré à Ste Ménehould. Un descendant de Nicolas-Joseph Beaurepaire recherchait la tombe de son aïeul dans les cimetières militaires de la région. En consultant la littérature locale et en faisant appel aux souvenirs des habitants, on peut tenter de donner une réponse à cette recherche.
Louis Brouillon en a bien évoqué le souvenir. Le nom de Beaurepaire est associé à la capitulation de Verdun devant les Prussiens dans les derniers jours d’Août 1792. La garnison chargée de la défense de cette ville était composée des bataillons de Mayenne-et-Loire, de l’Allier, de la Charente inférieure et d’Eure-et-Loire. Les bataillons avaient pris la fuite, renonçant à la défense de la ville. Brouillon donne de la retraite précipitée du bataillon de l’Allier « le spectacle de la plus complète anarchie ».
Le bataillon de Mayenne-et-Loire emportait dans un de ses fourgons un corps, celui de son chef, Nicolas-Joseph Beaurepaire, nommé récemment commandant de la place de Verdun. Il se serait suicidé plutôt que de signer une capitulation. L’assemblée nationale informée avait même décidé de ramener le corps au Panthéon, « ce qui en raison des circonstances ne put être exécuté ».
La thèse du suicide est mise en doute par certains auteurs. Beaurepaire est mort en sortant du Conseil de Ville venant de voter la reddition et avant que n’arrivent les renforts partis de Paris deux jours plus tôt. « Une autre version est qu’il ait été assassiné pour la même raison que celle pour laquelle il se serait suicidé ».
La cérémonie funèbre, au Château, eût un témoin, la veuve Guillaumet qui la raconta au docteur Nidart. Le lieu est estimé : « au dessous de la première ou de la seconde fenêtre de la chapelle Sainte Catherine, laquelle occupait à cet époque les deux premières travées à droite du portail nord, ainsi qu’en atteste un plan détaillé de l’église et du cimetière, conservé dans les bureaux de la mairie. »
Brouillon mentionne encore à ce sujet que les municipalités qui se succédèrent négligèrent de faire une tombe convenable, si bien que l’emplacement précis du corps à l’époque était déjà inconnu.
Avec les travaux qui ont eu lieu à l’endroit cité, on ne peut à ce jour que supposer que les ossements de ce héros, si on les a retrouvés, ont rejoint ceux de l’ossuaire mis en place dans l’église.
Mieux encore, en septembre 1872, quelques notables locaux ménéhildiens eurent l’intention d’ériger un vrai monument à ce héros de la Révolution. Une maquette vit le jour, réalisée par un sculpteur rémois, Saint Marceaux. Elle représentait Beaurepaire en uniforme étendu sur une civière soutenue par des faisceaux de lances, reposant sur un drapeau dont un pli voilait la face. Détail anecdotique de valeur, la main droite repliée sur la poitrine pressait les clefs de la ville de Verdun. Le projet ne vit jamais le jour.
Heureusement pour Beaurepaire, on peut voir une statue à son nom sur le pont de Verdun, un des ponts de la ville d’Angers.
La gloire dont s’était couverte le chef avait rejaillit quelque peu sur le bataillon tout entier. Malheureusement, le bataillon en question, après avoir rendu les honneurs à son chef, refusa de faire face à l’ennemi, et imité par celui de l’Allier, prit la route de Châlons.
Sources : Louis Brouillon, histoire de la ville de Sainte Ménehould,
Emile Baillon, Sainte Ménehould et ses environs.
Statue de Beaurepaire sur le pont de Verdun à Angers.