Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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La page du sourire

   par John Jussy, Luc Delemotte (dessin)



Certains aiment raconter des histoires drôles. Mais quand ces histoires drôles deviennent un témoignage de la vie à l’époque de la grande guerre, elles peuvent devenir intéressantes.

A la gare de Menou en 1915


Le conteur doit déjà se faire historien : « A l’époque, il y avait dans la ville un grand magasin de vêtements du nom de »Philbert Bousselin« . C’était la Grande Guerre et la ville, située à quelques kilomètres du front, était une ville de repos, une ville hôpital. Les blessés étaient soignés dans des hôpitaux, celui de la ville, mais aussi ceux installés dans toutes les salles libres, ou dans des baraquements en bois nommés ambulances. Les plus valides des soldats blessés étaient emmenés à la gare de Menou pour être ensuite évacués vers le sud ».

L’histoire se passe donc en 1915 dans la gare. Des soldats blessés attendent. Deux de ceux-ci, moins blessés que les autres, aperçoivent un Poilu avec la main gauche coupée.
"- Que t’est-il arrivé camarade ? demandent-ils au brave poilu.
- Bois de la Gruerie, répond le malheureux, un éclat d’obus"
Puis les deux copains voient un autre poilu, avec cette fois-ci la main droite coupée.
"Oh, là là et toi, demandent-ils ?
- La Haute Chevauchée un coup de baïonnette"
Et là, nos deux compères aperçoivent un pauvre soldat dont aucune main ne sort des manches de sa veste.
"Quel malheur, mon pauvre camarade tuc’est
Alors le pauvre soldat lève ses deux bras en l’air et là, comme des marionnettes, les mains sortent des manches vraiment un peu trop longues.
« Moi, dit l’homme, c’est le magasin Philbert Bousselin trois tailles au-dessus »

Pour raconter cette histoire, il faut impérativement emprunter une veste à un convive plus grand que vous Une dernière précision : en 1915, le magasin de vêtements ne s’appelait pas encore Philbert et Bousselin mais Victor Philbert. Ce changement de nom est cependant nécessaire pour faciliter la compréhension.


Au restaurant.


Dans le même ordre d’idées, on peut adapter à l’Argonne une histoire drôle entendue récemment à la télévision. Nous situerons l’action dans l’hôtel restaurant de la Poste, près de la gare et dont le patron de l’époque (il a vendu son affaire en 1978) était René Pouyet. On allait à « la Poste », un restaurant où le vieux parquet de bois craquait encore, pour manger la Goulash ou les côtes de porcs argonnaises, les spécialités du patron. Un des garçons était serveur : Pierre Pouyet, dit « Pierrot », aujourd’hui bénévole au camp de la Vallée Moreau à Vienne le château.
Nul autre restaurant de Menou ne pourrait mieux s’adapter à notre histoire, car René Pouyet était un fervent patriote et un homme de grand cœur, ce qui est nécessaire au récit.
Situons l’action dans les années 70 :
Un couple mange dans le restaurant de la Poste ; L’homme, la tête dans les mains, pleure à chaudes larmes Le patron, ému, demande ce qui se passe :
- Ce sont les souvenirs, dit la dame, nous sommes allés visiter le camp de la vallée Moreau, vous savez, juste après Vienne le Château eh bien ! le père de mon mari a été tué au bois de la Gruerie, tout proche.
- C’est bien triste, soupire le patron.
- Un éclat d’obus, pauvre grand-père.
Le patron qui était grand patriote, mais aussi un homme de cœur lança alors :
- Ah ! les braves poilus moi aussi mon père combattait dans cette zone, Madame, dites à votre mari que je lui offre son repas.
Alors la dame se pencha, parla à l’oreille de son mari Celui-ci releva enfin la tête et dans un sourire dit : danke schön


Cette adaptation a été réalisée avec l’accord de Pierre Pouyet. Nous le remercions vivement aussi pour les renseignements apportés. Aujourd’hui, le camp de la vallée Moreau est constamment restauré par des bénévoles et ouvert au public certains jours.

L’hôtel de la Poste

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