Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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Apollinaire, un écrivain combattant de la Grande guerre.

   par François Duboisy



Et le voici en Argonne.
Du 26 au 28 juin 1915, son régiment fait mouvement vers Les-Hurlus, à l’est de Somme-Tourbe. Il va rester dans cette région jusqu’à son départ en permission fin novembre. Le départ le rend triste « car le pays où nous étions était peuplé de beaucoup de jolies filles... alors qu’ici je vous écris parmi l’horreur de milliers de mouches. Nous sommes tombés dans un lieu sinistre où l’on voit toutes les horreurs de la guerre, l’horreur du site, l’abondance épouvantable de cimetières se joignent à la privation d’arbres, d’eau, de véritable terre même ». En effet le secteur de Perthes-les-Hurlus, de Hurlus, de Mesnil-les-Hurlus, villages totalement disparus, de la Main-de-Massiges et du trou Bricot fut l’un des lieux de la guerre où se livrèrent les combats les plus acharnés pour la possession de quelques tranchées dont la reprise fit un moment office de victoire.
Il entreprend une correspondance avec Madeleine Pagès, sa nouvelle conquête, rencontrée entre Nice et Nîmes dans le train, et ainsi nous pouvons le suivre au jour le jour.
Le 23 juillet 1915, nommé brigadier-fourrier, il tient le registre des écritures. Il note : « Partout des tombes, Français et Allemands par centaines, par milliers, sont mêlés dans ces fosses. L’église du Mesnil est une ruine et c’est la seule chose qui existe encore, mais c’est très beau, dans les décombres, la cloche, la vieille cloche est là, pas brisée ».

Le 1er septembre, il est nommé chef de pièce au grade de maréchal des logis. Les hostilités vont devenir beaucoup plus dangereuses et le faire participer directement au combat. Apollinaire est calme et résolu. A six heures du matin, ce 25 septembre 1915, c’est un déluge de feu de part et d’autre puis c’est l’assaut des troupes françaises. Massiges est atteint le soir venu. Les soldats savourent le goût de la victoire retrouvée. L’avance est stoppée. Le froid s’installe. Apollinaire devient homme de tranchées en première ligne. Il a conscience des risques encourus et le 9 décembre, il lègue ses biens à Madeleine dont il est maintenant le fiancé. Epuisé, il quitte Perthes-les-Hurlus le 22 décembre pour Oran où il souhaite se refaire une santé durant sa permission.

Une fin inattendue.
Au retour de permission, il rejoint son unité le 10 janvier à Damery, dans la vallée de la Marne. Il se montre découragé, même si sa naturalisation, enfin acceptée, lui met du baume au cœur. Le 17 mars à 16 heures, dans une tranchée près de Berry-au-Bac, Apollinaire, dans un abri précaire, lit la rubrique qu’il tient dans « Le Mercure de France » lorsqu’un éclat d’obus, trouant son casque, l’atteint à la tête. Il sera très bien soigné : extraction de l’éclat d’obus, puis trépanation, hospitalisation jusqu’en juin, date à laquelle le sous-lieutenant Kostrowitzky se voit attribuer la Croix de guerre. Il déborde alors d’activités, publie des poèmes, collabore à des revues, se lance dans le théâtre.
Mais la mort, qui n’avait pas voulu de lui au front, l’attendait à deux jours de l’armistice sous la forme de la grippe espagnole. Il avait trente-huit ans.

Documentation :
- Dossier réalisé par la classe de 3èmeA du collège Jean-Baptiste Drouet, année scolaire 2012-2013, professeur Mme Poittevin.
- Ecrivains combattants de la Grande Guerre. Ministère de la défense, 2004.
- Ecrivains dans la Grande Guerre. L’Express éditeur, 2012



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