Dans notre société marchande, même si le père Noël porte toujours sa longue barbe blanche, ses habits rouges et se trouve accompagné de Rodolphe son petit renne au nez rouge, il faut en convenir, Noël n’a plus le même sens que celui de notre enfance.
Certes le 25 Décembre reste et restera la date de la renaissance de la lumière, la fête chrétienne de la Nativité, le jour du don, des échanges, des retrouvailles pour certains adultes, le jour du rêve et de la magie pour les enfants. Aujourd’hui, tout change. Le réveillon n’est plus, au grand dam de beaucoup, entrecoupé par la messe de minuit, remise à 18 heures, bien souvent par commodité, la bûche n’est plus choisie au premier dimanche de l’Avent pour éclairer cette veillée, le symbole des 4 bougies pour rappeler les 4 dimanches précédents Noël a été oublié, les bonbons ont remplacé les phrases de l’évangile dans le calendrier de l’Avent, le bœuf et l’âne manquent quelquefois dans les crèches, quel dommage pour la tradition !
Pour les enfants, le cadeau attendu, rêvé, a été remplacé par une avalanche de cadeaux qui banalise en soi l’acte, de la tablette à la 4G, voire davantage, il n’y a plus de limites... le toujours plus est en marche, seul point positif, les marchands de jouets réalisent leur chiffre d’affaires.
A table, la dinde aux marrons cuite par le boulanger du coin s’éloigne au profit des fruits de mer, du foie gras, des vins fins, des fruits exotiques ; certes, pourquoi pas, mais l’assiette du pauvre, « le partage » ne préoccupe plus personne.
Chez les particuliers on assiste à une course effrénée pour les décorations quelquefois les familles s’endettent pour suivre le mouvement, des concours s’organisent, encouragés bien souvent par les collectivités, les marchés de Noël se multiplient, la déco par le gui et le houx deviennent des idées moyenâgeuses. Incontestablement Noël est devenu un acte commercial et les marques s’y invitent.
Les économies d’énergie ne sont plus momentanément de circonstance. A la veillée, je ne sais pas si on chante le Noël du doyenné de Sainte-Ménehould composé par monsieur l’Abbé Hérisson, originaire de Courtémont, comme j’ai pu l’entendre à répétition lors de mon enfance, comme le « Naoué » de Moiremont, j’en doute et cela est bien dommage encore une fois pour la tradition.
Néanmoins, année après année, Noël reste un événement important et incontournable en Argonne. C’est une fête partagée, et, dans la douce chaleur de cette fête, osons la générosité et la solidarité. Alors, croyant ou non, que Noël ne laisse personne au bord du chemin.
Bon Noël et bonne lecture du n°69.
Patrick Desingly