Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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Le parler argonnais (fin).

   par Nicole Gérardot



Mes recherches de mots en patois sont terminées puisque me voilà arrivée à la lettre v. Je le regrette car j’avais beaucoup aimé faire ce travail. Il m’a fait retourner au temps de ma jeunesse et m’a rappelé des personnes maintenant disparues. J’espère vous avoir amusés aussi. Comme je n’arrivais pas à tourner la page, j’ai pensé retrouver des expressions d’autrefois. Les livres qui les ont recensées sont nombreux. J’en ai consulté quelques uns : « 100 expressions à sauver » de Bernard Pivot, « les expressions de nos grands-mères » de M. Tillier, « 365 expressions expliquées » de P. Desalmand et bien d’autres encore.

Il y en a de très imagées, d’autres un peu grivoises. Je ne vais citer que mes préférées.

En parlant d’une femme : Elle pleure comme une madeleine, elle pleure toutes les larmes de son corps, elle porte la culotte, elle fait sa mijaurée, elle a un air de sainte nitouche, elle a un cœur d’artichaut, elle fait la mine, elle a son retour d’âge, elle a le diable au corps, c’est un panier percé.

En parlant d’un homme : il est tranquille comme Baptiste, il est menteur comme un arracheur de dents, il travaille du chapeau, il a une araignée au plafond, il est habillé comme l’as de pique, il est mou comme une chique, c’est une tête de lard, il n’a pas inventé l’eau tiède, il est bouché à l’émeri, il a du sang de navet, il a les bras à la retourne, il parle français comme une vache espagnole, il sucre les fraises, il se porte comme un charme.

Et quelques-unes encore : il pleut comme vache qui pisse, on va casser la graine, c’est reparti comme en quatorze, fais un nœud à ton mouchoir, on a dîné à la fortune du pot, il fait un vent à décorner les cocus, il y a de l’eau dans le gaz, les carottes sont cuites, c’est donner de la confiture aux cochons, il y a des coups de pied au cul qui se perdent.

Celles que je préfère ce sont celles que je n’ai pas trouvées dans les livres mais qui me sont revenues en mémoire.


 Tu repasseras demain, tes culottes s(e)ront faites.


 Je n’y pense pas plus qu’à ma première chemise.


 Allons-y casquette, c’est la foire aux chapeaux !


 Ea lui va comme un gant.


 Il y en a plus qu’un évêque pourrait en en bénir.


 Quel grand dépendeur d’andouilles !


 Mets ça dans ta poche ton mouchoir par-dessus !


 Des mercis, j’en ai plein ma poche.


 Je boirais la mer et les poissons !


 Il m’a retiré une fameuse épine du pied !


 Parle à mon cul ma tête est malade ! Il a couché à l’hôtel du cul tourné.


 Elle a toujours le pied levé. Il ne partira que les pieds devant.


 Tu auras de beaux yeux à Pâques. Elle a mis Quasimodo avant Pâques.


 Quand l’été, il tombait une petite pluie fine : Ce sont des pièces de cent sous qui tombent !

 Ce qu’il a en vert, il ne l’aura pas en sec.

Je repense à ma grand-mère qui disait souvent : « Il vaut mieux aller à la miche qu’au médecin », « il vaut mieux faire envie que pitié », « on dit toujours une belle grosse, on ne dit jamais une belle maigre » (on ne parlait pourtant pas d’anorexie à cette époque). Elle disait d’une fille un peu légère : « elle affrontera la Vierge Marie » et en parlant de l’accouchement : « C’est le mal joli, quand c’est fini on rit », encore une qu’elle disait souvent : « Bien chaussée, bien coiffée, la femme est à moitié parée ». J’ai gardé la meilleure pour la fin. C’est en termes très imagés le conseil qu’elle donnait (en confidence) aux jeunes mariés. « On bat dans la grange et on vanne dehors ».

Cette fois, la page du parler argonnais est définitivement close (sauf si vousconnaissez d’autres expressions)...
Nicole Gérardot

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