Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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Editorial

   par Patrick Desingly



Il y a 10 ans déjà, dans le cadre merveilleux et bucolique du bois d’Epense, MM. Jacques Jouettre et Henri Martin nous avaient fait voyager gratuitement de l’Orient aux Islettes en nous présentant, dans leur chapelle aménagée, des pièces uniques de faïences sur le thème de l’Orient.
Quel merveilleux souvenir, quel partage d’émotion. Aujourd’hui, ces collectionneurs passionnés, cultivés et de grands talents, humanistes de surcroît, nous ont quittés au grand dam de beaucoup car ils avaient sans aucun doute encore beaucoup de choses à nous apprendre et à nous faire partager.
Leurs rêves de musée, malgré toute leur volonté, n’a pu aboutir mais cela est une autre histoire.
Les collectionneurs « de souvenirs de projets » n’auront que la photo de la pancarte de la région placée à 20 mètres du pont de la Biesme à l’entrée des Islettes, c’est bien dommage.
Aussi, de rebondissements en rebondissements, l’immense collection se retrouve aujourd’hui partagée ; 2 000 pièces, au musée-médiathèque de Sainte-Ménehould et 2160 au musée de Lunéville (Meurthe-et-Moselle).
Un retour somme toute à l’histoire car n’oublions pas que c’est à l’initiative de M. François Bernard (décédé en 1801) que sa faïencerie, sise à l’origine à Clermont-en-Argonne, a été transférée au bois d’Epense par convenance personnelle car il trouvait que les droits de douane, exorbitants à cette époque, pénalisaient son commerce (Ah ! déjà la fiscalité !).
La production de la faïencerie a été immense et de qualité pendant près d’un siècle, Dupré Père et Fils n’ont-ils pas été les porteurs de perfection, de la vaisselle de table aux statuettes ?
Qui, en Argonne, selon les convictions et les appartenances de ses ancêtres n’a pas récupéré une assiette avec l’aigle représentant l’Empire, à défaut une avec trois lys à l’image de la Restauration ou bien encore un coq et le drapeau tricolore pour la République. ?
Demain qui se souviendra du rôle des veuves dans la conduite de cette entreprise, en particulier de la femme de son fils Jacques-Henri ? Demain, qui se souviendra de Madame Bernard, l’artiste, peinte sur une majorité d’assiettes avec une ombrelle à la main et qui repose aujourd’hui dans le cimetière des Islettes dans la plus grande indifférence (monument délabré) ? Qui se souviendra de l’excellence de cette production par des ouvriers, tous artistes et de haute technicité, démarchés chez les concurrents, à l’époque Lunéville, Nancy, Epinal, Saint-Clément ?
Qui se douterait que, dans la collection du château de Dracula en Transylvanie (Roumanie), toute une vitrine est consacrée aux faïences des Islettes ?

Aussi, comme dans beaucoup de familles, suite aux successions, la dissension se fait sentir. En 1840, on vend l’entreprise aux frères Godéhal et en 1848, la saga de la famille Bernard se termine. La page est tournée. Aujourd’hui que reste-il de cette faïencerie ? Une notoriété dans l’hexagone, un plaisir pour beaucoup, des œuvres d’art sans aucun doute.
Aussi n’hésitez pas à retrouver l’histoire de cette production au travers de l’exposition « Vie de collectionneurs » au musée-médiathèque de Sainte-Ménehould, ouverte jusqu’au 20 novembre 2016. MM. Jouettre et Martin étaient des collectionneurs au service de l’histoire.

Bonne lecture du numéro 71 !
Patrick Desingly, Président.

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