Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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La ville de Sainte-Ménehould en 1771

   par John Jussy



Comment était la ville avant la Révolution française ? La lecture du « Dictionnaire universel de la France » tome 6, écrit par Robert de Hesseln en 1771 nous donne quelques renseignements.
La ville, la première en Champagne du côté de l’Allemagne, comptait presque 4000 habitants, c’est à dire presque autant qu’aujourd’hui.
Dans la rubrique des hommes célèbres, l’auteur parle de Jean Chartier, Jean Armand ou Dom Jean Mabillon, des inconnus de notre Histoire mais pas de Dom Pérignon, né en 1633. Le célèbre moine était décédé en 1715 et il faut croire que le vin de Champagne n’avait pas encore de notoriété.
Voici quelques extraits de ce dictionnaire.

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"SAINTE-MENEHOULD, petite ville du Rémois, capitale du pays & forêt d’Argonne, la première ville de Champagne du côté de l’Allemagne ; diocèse de Reims, parlement de Paris, intendance de Châlons. Cette ville est située sur la frontière orientale du Rémois & et du gouvernement général de Champagne, dans une île que forme l’Aîne ; au 20 degré de longitude & 49 degré de latitude, entre Châlons & Verdun, à 9 lieues au levant de la première ville, à 8 au couchant de la seconde, à 14 au levant d’hiver de Reims,, & à 50 au levant de Paris : on y compte 3 à 4000 habitants.
La grande route de Paris à Verdun passe par Sainte-Ménehould, & il y a un bureau de douane où l’on visite tout ce qui est transporté par cette ville.
La rivière d’Aîne, qui baigne les murs de Sainte-Ménehould au septentrion et au couchant, prend sa source à 3 lieues de là, dans un village de même nom ; elle est encore petite à Sainte-Ménehould, mais assez profonde, & elle n’est guéable qu’en deux endroits ; on a plusieurs projets pour rendre cette rivière navigable depuis Sainte-Ménehould jusquà Pont-à-Verre, où elle commence à porter bateau. Quelques-uns des plans sur ces projets sont déposés à l’Hôtel-de-ville de Paris.

.Sainte-Ménehould eut un gouvernement de place, le chef-lieu d’une élection ; le siège d’un baillage qui a 4000 paroisses dans son ressort ; d’une maîtrise des eaux & forêts, d’un grenier à sel & et d’un bureau des traites foraines ; lesquelles font toutes les juridictions royales. La prévôté, qui était aussi une juridiction royale, a été supprimée & réunie au baillage par l’édit du mois de mai 1748.
Sainte-Ménehould est la résidence d’un lieutenant de la maréchaussée qui a sous ses ordres une brigade commandée par un exempt.
Cette ville avait autrefois une chambre des monnoies, mais elle fut transférée à Nantes en Bretagne lors de la réunion de cette province à la couronne.
L’état-major de Sainte-Ménehould est composé d’un gouverneur, d’un lieutenant de roi & d’un major ; les échevins, en l’absence de ces officiers, donnent l’ordre & commandent dans la ville, & lorsque l’état-major s’’y trouve, ces échevins commandent concurremment avec lui.

.Le domaine de Sainte-Ménehould appartient au roi, à cause du comté de Champagne. Il a été cédé en douaire à Marie d’Anjou, veuve de Charles VII ; à Marie Stuart, reine d’Ecosse, veuve de François II & à la reine Anne d’Autriche, veuve de Louis XIII. Ce domaine a souvent été engagé à différents seigneurs. Le dernier engagement a été fait au marquis de Puisieux, en 1712 ; il le remit au roi, qui en fait régir les revenus par les fermiers.

Les hommes illustres nés à Sainte-Ménehould :

Entre les hommes illustres, nés à Sainte-Ménehould ou dans son ressort, on compte Robert Sorbon, fondateur de la Sorbonne, né au village de Sorbon, dans le Rethelois, ressort de Sainte-Ménehould.
Jean Chartier, fameux docteur de l’université de Paris, connu sous le nom de Gerson, qui était celui du village où il naquit dans le diocèse de Reims, ressort de Sainte-Ménehould ; il mourut en 1429.
Dom Jean Mabillon, Bénédictin, né à Saint-Piémont, élection de Sainte-Ménehould, de qui Maurice le Tellier, archevêque de Reims, disait au roi : qu’il était le plus humble & le plus savant religieux de son royaume. Jean Dé, savant Jésuite, né à Sainte-Ménehould, en 1643 ; il fut chargé par le roi & le cardinal de Fustemberg de plusieurs établissements, entre autres d’une université dont il fut recteur. Il mourut à Strasbourg en 1712.
Henri Duvalk, comte de Dampierre, né à Hans près de Sainte-Ménehould, généralissime des armées de l’empereur.
Jean Armand, marquis de Joyeuse, maréchal de France, gouverneur des trois évêchés, né à Ville-sur-Tourbe, village et château près de Sainte-Ménehould ; il se distingua dans plusieurs batailles, surtout celle de Nervinde où il commandait l’aile gauche qui décida du succès.
On trouve différentes mines de fer dans plusieurs villages circonvoisins, tels Saint-Surain, Champigneulle, Sommerance, Chimires, Beauclerc, Tailly, Alliepond, Chehery. Le fer qu’on en tire est de très bonne qualité & se façonne à Champigneulle, Chehery & Beauclerc. On y fabrique aussi des boulets & des bombes. Ces forges occasionnent une grande consommation de bois & facilitent le débit de ceux qui environnent Sainte-Ménehould de toutes parts, excepté dans les fonds, lesquels contiennent de belles prairies, où se trouve une grande quantité de plantes usuelles ; mais il n’y a rien de particulier ni dans les plantes ni dans les animaux qui s’y rencontrent.
Il y a aussi quelques verreries dans la forêt d’Argonne, comprises dans l’élection de Sainte-Ménehould, qui est d’ailleurs fertile en pâturages, en froment & toutes sortes de grains. Cette élection comprend 121 paroisses & peut avoir 13 lieues dans sa plus grande étendue, qui se prend du midi au septentrion, & 7 dans la plus grande largeur.
John Jussy

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Sainte-Ménehould et ses voisins d'Argonne
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