Durant les années 50, l’automobile entame sa révolution et commence à prendre dans la société l’importance qu’on lui connaît aujourd’hui. D’ailleurs posséder une voiture est devenu quasiment indispensable, il n’en reste pas moins que pour conduire, passer son permis est obligatoire, et il s’avère que cela n’est pas toujours évident de se procurer ce fameux sésame.
Qu’à cela ne tienne, voilà une résolution que notre personnage est bien décidé à affronter malgré les difficultés. Cela se passe dans les années 60, il avait une cinquantaine d’années et était comme tout le monde, disait-il. « Je veux aussi qu’on ait une auto avait-il déclaré un jour à sa femme, j’en ai assez de mon vélo, je vas passer mon permis de conduire ! » Sitôt dit sitôt fait. Il s’inscrit à l’auto-école, prend des leçons, apprend le code de la route par cœur et réussit l’examen sans problème. Il s’attaque ensuite à l’épreuve pratique et prend des leçons de conduite, beaucoup de leçons.
Une fois, deux fois, trois fois, beaucoup de fois ! Et là, rien à faire, il est toujours recalé ! Après une ultime tentative aussi malheureuse que les précédentes, sa femme lui demande :
"- Mais enfin, Dédé, qu’est-ce qui ne va pas ? Le moniteur t’en veut ?
- Pas du tout Nénette, tout irait bien, mais il y a la pédale, la sacrée pédale de gauche, je ne peux pas m’y faire !"
Le Dédé ne sut jamais s’y faire.
Il reprit son vélo, son vieux vélo qui n’avait pas de pédale à gauche.
Jean Pierre Vuillaume
Dédé n’a pas eu besoin d’aller à la pompe Esso (à droite sur la photo) située au coin de la place d’Austerlitz.
Il roulait à vélo comme tous ceux que l’on voit à gauche devant l’Auberge (qui était aussi à l’époque un hôtel). Ce devait être un jour de marché ; et malgré les autos, certains avaient encore des charrettes à bras.